Apocalypsis 2 : Cavalier Rouge, Edo.

Auteur : Eli Esseriam
Editeur : Matagot
Parution : 2012
Pages : 238
RESUME :
"J'ai fait ouvrir le sol sous leurs pieds. J'ai fait tomber le feu sur leurs manteaux. J'ai fait abattre la foudre sur leurs têtes. Sous mes pieds, la terre était stable et solide. J'étais au milieu des flammes mais elles me léchaient sans me mordre. Les éclairs m'éblouissaient sans me frapper. C'était merveilleux. J'étais le cœur de la Nature. Le cinquième élément dans un corps qui se fatiguait doucement."
Edo Halilović, Cavalier rouge.
CHRONIQUE :
(26 Août 2015)
"Je fais pas trop dans la dentelle. C'est pas que je sais pas la différence entre le bien et le mal. Non, ça, j'ai quand même une vague notion de base. C'est juste que je m'en fous. Pour moi, le bien est pas si bien. Et le mal, bah, c'est pas si mal. Je suis pas le pire, finalement : je juge personne."
Cela faisait longtemps déjà que j'avais lu le premier tome d'Apocalypsis, Cavalier Blanc, qui parlait d'Alice, la Mort.
Ce deuxième tome s'intéresse au Cavalier Rouge, la Guerre, de son petit nom Edo.
Autant j'avais dévoré le premier tome malgré ses imperfections, autant ce deuxième opus m'a moins enthousiasmée. Beaucoup de longueurs pour une action qui pointe le bout de son nez en fin d'ouvrage. Certes le premier tome marchait sur le même mode. Dans cette série ce n'est pas l'action qui importe mais le personnage en lui-même. Edo quoi. Et c'est là que le problème se pose. Autant je trouvais Alice délicieusement détestable, manichéenne et donc fascinante malgré tout, autant Edo n'a pas su me toucher du tout.
Edo, c'est un peu la caricature : bosniaque, parents alcooliques, frères drogués, vivant dans une cabane de chantier, très pauvre, marginal, violent. Son seul rayon de soleil ? Son petit frère.
Mais Edo n'a pas une personnalité qui m'a plu. Ce qui fait que j'ai trouvé beaucoup de longueurs dans ce livre et peu d'intérêts.
Pour son frère, Edo se force à vivre, à aller à l'école, à faire semblant pour qu'on ne lui retire pas son rayon de soleil. Et pour survivre, il se sert de sa force. Edo n'est pas Guerre pour rien et il aime se bagarrer. Pour le plaisir. Pour l'argent.
Le cavalier est violent, implacable et loin d'être gentil. Il est cynique, insupportable et sûr de lui.
Alors certes, Edo cache tout de même une petite part de douceur, qu'il ressort avec deux personnages, et une fois encore, la psychologie est travaillée. Mais cela n'aura pas suffi à me captiver.
"Chaque année, je suis un challenge pour eux. Ils se disent qu'ils vont réussir à faire quelque chose de moi. Il me versent toujours le même laïus plein d'espoir et d'enthousiasme. "Vous êtes un garçon intelligent, ça se sent, à votre regard !" Je sais pas trop comment je dois le prendre. C'est quand même une remarque qu'on fait essentiellement à propos des clébards. "Il a le regard intelligent !" Manquerait plus qu'on me dise que j'ai le poil brillant et la truffe humide et c'est bon, je peux me mettre à lever la patte."
Il se réveille vers la fin pour un final beaucoup plus intéressant, voire captivant.
Mais malheureusement, la majorité du livre n'a rien d'originale et l'on tombe un peu dans une caricature malvenue.
Il n'y pas vraiment d'action mais plutôt le récit de la vie d'Edo jusqu'à ce qu'il recherche les autres cavaliers.
Pourtant le pouvoir d'Edo est lui aussi plein de potentiel et quand il commence enfin a s'en servir, il crée des situations certes affreuses, mais géniales à suivre.
Sinon j'aime le concept de ces tomes compagnons : indépendants les uns des autres, avec quelques références aux autres cavaliers (en l'occurrence ici c'est à un autre cavalier).
J'ai adoré la fin et me lancerai dans la lecture des autres cavaliers, espérant trouver d'autres personnalités qui me plaisent autant qu'Alice !
"Mais moi, j'avais l'habitude des macchabées. J'en avais fait quelques dizaines déjà. Je savais que si on ferme pas les yeux dans les premières minutes, ça devient compliqué après. La paupière résiste, elle coince comme un accordéon qui refuse de se déplier et de lâcher une note. Pareil pour la mâchoire. Si le type claque la bouche ouverte, faut rapido la lui fermer, en calant un truc sous son menton ou en faisant un œuf de Pâques, avec un tissu, une écharpe, sa cravate ou sa ceinture, pourquoi pas. Sinon, le mec des pompes funèbres est obligé de la lui casser. C'est pas non plus la fin du monde. Ça fait un crac un peu dégueulasse. Pour les autres. Les os qui pètent, ça a un son de xylophone à mes oreilles."