Au bonheur des Eléphantes.
Auteur : Florence Ollivet-Courtois
Editeur : Belin
Parution : Septembre 2015
Pages : 184
RESUME :
"Les dessous d'une affaire qui a passionné le web et les médias"
Elle court le monde pour rapatrier un ours prisonnier dans les Balkans, sauver la vie d'un bébé singe au Brésil grâce à un produit laitier bien connu, ou réparer les genoux d'une douce femelle alpaga dans le centre de la France. Partout Florence Ollivet-Courtois, docteur vétérinaire indépendante, vole au chevet des animaux sauvages.
Mais pour sauver Baby et Népal, les deux célèbres éléphantes menacées d'euthanasie, Docteur Flo va devoir en plus affronter la mauvaise foi des hommes, les revers de la politique, et les hoquets de la justice. Heureusement, elle recevra aussi des soutiens inattendus et spectaculaires. Entre les soins à un bébé lynx et le sauvetage des boas constrictors, un Président de la République, une icône du cinéma français et Son Altesse la princesse Stéphanie de Monaco viendront se joindre à son combat pour le plus grand triomphe de la vérité scientifique.
Action, suspense, humour et tendresse : dans la suite passionnante et émouvante du best-seller Un éléphant dans ma salle d'attente, la passion au service de la science sauve des vies, et en illumine d'autres.
CHRONIQUE :
(18 Octobre 2015)
Je tiens tout d'abord à remercier Babélio, pour m'avoir permis de lire ce livre grâce à une Masse Critique, ainsi que les éditions Belin pour ce livre.
Pa-ssio-nnant !!! Ce livre était juste passionnant. Commencé vers midi, il fut fini vers 15h30. En bref, je l'ai dévoré d'une traite. Il faut savoir que même si je ne chronique habituellement pas ce genre de livres, j'en lis une bonne quantité, amoureuse que je suis du règne animal.
Et celui-là fait partie des excellents ouvrages sur le sujet. Un témoignage touchant et bouleversant, qui m'a mis les larmes aux yeux plus d'une fois, et c'est rare. Enfin, beaucoup moins dès qu'on touche aux animaux. Je suis parfois un brin misanthrope sur les bords et ai donc du mal à pleurer pour notre espèce, mais j'avoue que les animaux (je devrais dire les autres animaux) ont l'art d'attendrir mon petit cœur.
Dans ce livre, Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire pour la faune sauvage, nous conte l'histoire du sauvetage de Baby et Népal, deux éléphantes menacées à tort d'euthanasie. Peut-être avez-vous entendu parler de ce fait vers 2012/2013, en tout cas, l'intégralité de cette histoire improbable est couchée sur le papier grâce à la très jolie plume du vétérinaire engagée dans leur cause.
« J'exerce dans les zoos, les cirques, chez les particuliers aussi. Munie de mon diplôme, de mon expérience et de ma panoplie de fusils hypodermiques, il m'arrive aussi bien de traiter la cardiopathie d'un chimpanzé que de transfuser un vautour, de poser une broche à l'humérus fracturé d'un singe capucin, une puce électronique de marquage à un alligator ou d'assurer le suivi d'une tigresse épileptique. »
Mais ces deux éléphantes n'ont pas eu que leur véto de choc pour les sauver. Elles ont mobilisé des tas de gens, au travers d'associations mais aussi plus individuellement lorsqu'il s'agissait de personnalités. Ainsi Baby et Népal peuvent remercier la Princesse Stéphanie de Monaco, Brigitte Bardot, certaines personnalités politiques, leur propriétaire qui vient d'un cirque renommé et encore une foule d'autres personnes… D'un autre côté, elles peuvent barrir de rage sur la connerie humaine, sur le manque d'intelligence et d'humanité de certaines personnes (directeur de zoo, préfet…), sur la paperasserie et l'administratif, sur la politique et la guerre de pouvoir…
Car voyez-vous, parce que l'une de leurs congénères est morte de tuberculose, l'on avait ordonné l'abattage (je ne peux me résoudre à employer le mot euthanasie, vu que le bien-être de l'animal n'est pas en jeu) de Baby et Népal. Sans même réellement se préoccuper de savoir si elles aussi été atteintes… Mais le bon sens finira par l'emporter et Baby et Népal coulent aujourd'hui des jours heureux sur 4000m² de terrain dans le Sud de la France, appartenant à la Princesse Stéphanie de Monaco, qui semble bel et bien amoureuse de « ses filles ». Une très jolie histoire donc, à la fin heureuse, à la morale magnifique, aux émotions à fleur de peau.
Mais Florence Ollivet-Courtois ne s'arrête pas là, et nous distille aussi avec habilité quelques anecdotes de sa vie de vétérinaire d'animaux sauvages. Ou comment un véto se retrouve à « flécher » des daims pour les castrer, à sauver un bébé singe au Brésil, soigner les genoux d'un alpaga, dénicher quel virus ronge des serpents et autres aventures peu ordinaires… Ces petites histoires adoucissent un peu l'amertume ressentie à certains moments angoissants de la vie des deux éléphantes. Du coup l'histoire globale est parfaitement dosée.
« A quelques très rares exceptions près, quand par exemple ils sont très jeunes et tout disposés à s'attacher à absolument n'importe qui, ils ne veulent rien savoir du vétérinaire, cette espèce qui fait des piqûres, des points de suture, administre des médicaments même pas bons et tient à les examiner sous des angles qu'il considèrent comme relevant strictement de leur vie privée. Malgré, ou à cause, de notre air volontairement dégagé, ils nous repèrent à l'instant, nous autres de la race des vétos, et alors se carapatent le plus loin, le plus haut ou le plus profond possible, hérissent tout ce qu'ils ont d'hérissable, retroussent les babines, dégainent les griffes, crachent, feulent, vocifèrent ou nous lancent des cailloux, quand ce ne sont pas leurs excréments. Tout ça pour un banal vaccin. »
Il faut avouer que la lecture est passionnante pour le côté émotif mais aussi pour le côté « documentaire ». En effet, la vétérinaire nous offre une multitude d'informations physiologiques, anatomiques, comportementales et autres encore, le tout expliqué de façon claire et précise. Un vrai régal. Ainsi par exemple, j'ai appris qu'en captivité, il était nécessaire de limer les ongles d'un éléphant, ce qui prend environ 1h30, parfois sous anesthésie générale.
Et puis tout l'amour que Florence porte aux éléphants et aux animaux transparaît de manière limpide dans ces lignes, et ses mots m'ont touchée au plus profond. Parfois empreint d'une poésie certaine, je m'échappais loin du quotidien, aux côtés d'animaux extraordinaires.
« C'est bien simple, chez les éléphants, j'aime tout. Regardez-les de profil : vous voyez la façon dont leur bouche est dessinée, ce petit sourire en coin qui leur donne un air espiègle ? J'adore. J'aime les longs cils droits dans les yeux, qui sont proportionnellement à peine plus gros que les nôtres, mais dont l'iris cerclé de noir est d'une chaude couleur dorée. J'aime les poils raides du bout de leur queue disposés curieusement en arête de poisson, leur peau à la fois ridée et étonnamment élastique, j'aime leur intelligence et leur empathie qui leur permettent de véritablement nous comprendre. »
Un témoignage poignant, un livre émouvant pour un voyage magique au pays des éléphants. Une belle note de positivisme et d'espoir dans ce monde souvent trop cruel et égoïste. A mettre d'urgence entre toutes les mains, « Au bonheur des Eléphantes » fut un vrai coup de cœur.