Carmilla.

Auteur : Shéridan Le Fanu
Editeur : Editions Soleil, Collection Métamorphose
Parution : Octobre 2014 (1871 pour la 1ere édition)
Pages : 192


RESUME :

Dans un décor étrange et familier, Laura, fille unique d'un gentilhomme anglais installé en Styrie, accueille sans méfiance Carmilla, une jeune inconnue... Mais très vite, dans la campagne environnante, dans le château et sur le corps même des deux jeunes filles, des indices vampiriques apparaissent et prolifèrent...

Une œuvre majeure de la littérature fantastique du XIXe siècle, romantique et macabre, magnifiquement illustrée par la talentueuse et surprenante Isabella Mazzanti.
         


CHRONIQUE :

(01 Septembre 2017)

Carmilla fut l’un des derniers écrits de Sheridan Le Fanu, et il parut d’ailleurs un an avant son décès en 1871, si je ne m’abuse. Vous êtes donc ici sur un texte ancien, aux accents gothiques, et paru pas loin de 25 à 26 ans avant le célèbre Dracula. Avec « Le Vampire » de Polidori (ainsi que « Varney le vampire »), Carmilla est l’un des premiers récits de fiction mettant en scène un vampire. 

On s’étonne aujourd’hui qu’il fut si facilement accepté à sa sortie, malgré les mœurs de l’époque victorienne, mais lorsque l’on voit le peu de descriptions explicites, cela montre le niveau de pudibonderie de ces années. Certes Carmilla apparaît comme ayant des sentiments envers une autre femme, mais tout reste dans une pudeur élégante.

« Carmilla » nous conte donc les aventures de Laura, jeune fille un peu esseulée dans son château isolé, avec pour seule compagnie son père et ses deux intendantes. Quant une situation  fortuite amènera Carmilla dans la vie de la jeune femme, cet événement sera une grande source de joie.

Et c’est ainsi que nous suivons les relations d’amitié entre les deux jeunes filles, la naïveté de Laura l’empêchant de se rendre compte que Carmilla éprouve des sentiments plus profonds que des jeunes filles de bonne famille de cette époque doivent se vouer. Tout est en sous-entendus subtils, notamment grâce aux discours à double sens de Carmilla, et l’on ne peut que s’étonner de la pimbêcherie de son amie, qui ne comprendra rien à rien jusqu’au bout.

Puis-je rire du fait que, déjà à l’époque, le rôle de la nunuche semblait revenir aux blondes ? Ok je sors. 

Evidemment d’étranges événements vont survenir, et, aujourd'hui le récit est largement assez connu pour que le lecteur ne soit pas étonné d’apprendre que Carmilla est en réalité une vampire. Vampire qui, si l’on regarde bien, ne devra sa perte qu’à l’amour qu'elle porte à la jeune Laura, incapable de s’en détacher et de partir avant d’éveiller les soupçons. Mais je gage qu’a une époque où Dracula n’avait pas encore vu le jour, Carmilla a dû surprendre plus d’un lecteur !

« Vos rites me blessent, j’ai horreur des enterrements. Quel tapage ! Après tout, il faut bien mourir, tout le monde doit mourir ; et on est bien plus heureux une fois mort. »

Le thème même du vampire n’apparait que sur la fin, qui m’a malheureusement paru bâclée de ce point de vue, mais il est si dur de juger une œuvre d’une autre époque, pionnière de son temps, que je ne lui en tient pas rigueur. Il est à supposer que même si l'auteur possédait visiblement de réelles connaissances en matière de vampires, les médias ne lui permettaient pas de trop s’attarder dessus. 

En tout cas, je fus ravie de découvrir ce texte si important dans l’histoire de la créature si fascinante qu’est le vampire, qui, de plus, inspira Bram Stocker pour son célèbre Dracula, comme il l’admettra sans peine. 

Je tiens aussi à noter la plume remarquable de Sheridan Le Fanu, cette plume d’une autre époque et poétique à souhait, qui de nous jours, apparaît tellement belle et d’un autre temps qu’elle nous plonge sans difficulté dans l’époque du récit. Carmilla est plus un conte qu’un roman, et il est tout simplement magnifique à lire. Un conte vampirique où, d’ailleurs, la narratrice s’adresse directement à nous, lecteurs, pour nous prendre à parti.

Dernier point que je noterai, je possède personnellement l’édition illustrée parue aux éditions Soleil dans la collection Métamorphose. Même si les dessins ne me paraissaient guère esthétiques au début, malgré leur bichromie de rouge et de noir que j’adorais, je dois avouer qu’ils collent à merveilles à l’ambiance du récit, renforçant ce côté mystérieux et inexplicable.

« Carmilla » est donc une œuvre tout en poésie, qui plaira aux passionnés de vampires, désireux de découvrir les textes pionniers de nos chères créatures aux dents longues. 




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