Ce dont rêvent les ombres.
Auteur : Hilda Alanso
Editeur : Editions du Chat Noir
Parution : Juin 2016
Pages : 232
RESUME :
Sa précieuse fille assassinée, Ménehould bascule alors dans la folie, devenant un danger pour elle et les autres.
Pour l’aider à faire son deuil, Éponine entreprend avec elle un périple inattendu, une odyssée parsemée d’obstacles, de créatures fantastiques et de rencontres, qui bouleversera le cours même de la vie.
CHRONIQUE :
(17 Octobre 2016)
"Ce dont rêvent les ombres" est l'un des derniers nés des Editions du Chat Noir. Empreint d'un grand onirisme, ce n'est pourtant pas le roman le plus facile à aborder qui soit...
Hilda Alonso nous emmène dans son monde, peuplé des créatures des mythes et légendes. L'écriture est splendide, poétique et suit à merveille l'onirisme de l'univers. De ce côté là, je n'ai réellement rien à redire, sauf peut-être le fait que justement, la plume soit trop alambiquée et demande beaucoup d'implication.
Les personnages sont tous aussi étranges que captivants, sortis du folklore ou de l'imagination de l'auteur. Je pense notamment à Eponine, image même de la femme forte mais altruiste. Sa bonté ne s'arrête jamais alors même qu'elle vit au ban de la société. C'est d'ailleurs sa bonté d'âme qui la poussera dans cette étrange quête...
Ce monde met en scène la magie, des créatures fantastiques, une nature omniprésente et sur cette toile de fond, un voyage tantôt merveilleux, tantôt effrayant.
"Une petite femelle s'assit, lorgna la main de Bledri que le souffle désordonné de la rebouteuse soulevait. A cet instant, la renarde s'étira, face contre sol.
Ce fut pourtant une femme qui se releva, laissant l'ensorceleur perplexe : ne restait de l'animal que des détails insolites, comme le panache de la queue, la glace du regard, les crocs pointant sous les lèvres noires."
En revanche du côté de l'histoire, je me suis un peu perdue. J'ai trouvé que l'ensemble manquait de cohérence, comme si les événements s'enchaînaient parce que l'auteur voulait arrivait au point suivant, qui lui permettait de parler de ses nouvelles créatures. Et du coup, certains passages me parurent décousus. Dans l'ensemble, je n'ai pas su apprécier la richesse de ce livre, peut-être parce qu'il l'est trop ? J'avais cette impression que l'esprit de l'auteur foisonnait d'idées et d'images et qu'elle voulait absolument tout nous présenter ici. J'aurais apprécié un peu moins de personnages mais un peu plus de cohérence, pour un ensemble moins compliqué (même le vocabulaire l'est, et cela peut fatiguer).
Nous plongeons directement dans l'univers sans réellement d'explications, ce qui déjà ne manque pas de déstabiliser, et les personnages apparaissent les uns à la suite des autres, avec ce même côté déstabilisant. Je ne connaissais pas toutes les créatures présentées et me suis retrouvée perdue à essayer de les comprendre sans en avoir le temps.
Mais ce qui est sûr, c'est que vous ne verrez plus jamais les fées de la même manière...
Malgré tout, les descriptions étaient trop présentes, trop compliquées aussi, ce qui nuit à la fluidité de l'ensemble. Trop de descriptions et pas assez d'explications et de simplicité. Au final, voilà ce qui, moi, m'a perturbée. D'autant que ce livre n'est pas un concentré de joie intense mais est empreint d'une mélancolie quelque peu bouleversante.
Je regrette donc d'être passée à côté de cette lecture à l'onirisme et la richesse incroyables. Mais le côté un peu décousu de l'ensemble et trop riche, justement, m'ont un peu déçue.
Dans l'ensemble, ma lecture fut donc mitigée, mais je pense que je ne suis pas le public idéal pour ce genre de roman, qui va certainement trop loin dans la mélancolie et l'onirisme. En revanche, je pense que ce livre saura réellement trouver son lectorat, dans tous les amateurs de contes et légendes celtiques et de récits mélancoliques et mystiques.
"Le corps et l’esprit ne sont qu’un. Les Dieux nous ont donné la capacité de disjoindre, de disperser et de rassembler les fibres qui les composent selon notre bon vouloir. Pour vivre en harmonie avec tout ce qui nous entoure, il faut le comprendre, l’observer, l’écouter puis se fondre en lui. Sa mémoire devient alors la nôtre. C’est ainsi que nous déjouons l’ennemi, éloignons secrets et mensonges. Nous ressentons d’un cœur commun, partageons tout, apprenons mutuellement. Nous regardons la couleur et sommes la couleur, nous respirons la fleur et sommes l’effluve, nous écoutons le son et sommes le chant mais notre présence n’a pas plus d’influence sur ce monde que notre absence."