Cycle d'Arkem, tome 1 : Yanis, Déesse de la Mort.

Auteur : Valérie Simon
Editeur : Edition du Riez, collection Brumes Etranges
Parution : Septembre 2012
Pages : 320


RESUME :

Née dans la douleur et dans la mort, fille d'un démon de Rhynantes et d'une Princesse des Elfes, elle est l'héritière de deux races qui se haïssent et qui ne cherchent qu'à se détruire. Élevée dans les mystères d'un culte issu des profondeurs de temps révolus, elle est l'image radieuse de la mort, la réincarnation d'une déesse terrible. Mais son héritage la tourmente. Que lui veulent cet elfe, cet oiseau noir bavard, ce magicien troublant, et quels sont ces pouvoirs qui la hantent et qu'elle n'ose deviner ? De la pierre pâle aux reflets liquides qu'elle porte depuis sa naissance, elle ne sait rien, sinon qu'elle a en elle une étrange chaleur, et qu'elles sont liées par une puissance inconnue. Mais dans la sombre tour de Ragnarok, les forces issues des ténèbres se rassemblent. Et Raban Siwash, l'Innommable, n'aura de cesse de la rejoindre pour la tuer.


CHRONIQUE :


Ma note : 4/5

C'est avec une plume fluide, très agréable à lire, que nous pénétrons dans le monde de Valérie Simon. Un ton empreint de poésie pour décrire un monde empli d'onirisme.

" Kéo apprit à voir la beauté des choses : s'émouvoir d'une corolle, trembler devant le passage d'un nuage, s'extasier face à la transparence d'une feuille dans le soleil... Il apprit à sentir le monde qui l'entourait par tous les pores de sa peau."

Dans ce monde, Elfes et Démons se côtoient au sein de la Forêt Mêlée. Se côtoient et se détestent depuis.... si longtemps que leurs coeurs en oublieraient les origines du conflit.
Par delà la forêt, dans des contrées plus lointaines, plus au nord, se tiennent les terres des Hommes Mortels, avec leurs Magiciens. Mortels pensant que les Elfes, Fées et autres créatures ne sont évidemment que des légendes. Des hommes, qui, comme chaque civilisation ayant existé, vénèrent leurs Dieux.

Tout commence par une histoire tragiquement banale, presque un conte. Vous savez, ceux où deux êtres qui n'ont pas le droit de s'aimer tombent irrémédiablement amoureux l'un de l'autre... Ce genre de conte où, évidemment, cet amour sera puni....

Laocoon, Prince Démon de Rhynantes va un jour croiser le chemin de Rosendael, Princesse des Elfes de Teisha. Après une première crainte vite oubliée dans le regard de ce jeune prince, Rosendael tombera amoureuse. Un amour mille fois réciproque. Un début certes peu original mais tant empli de beauté et d'onirisme que je me suis sentie transportée dans cette forêt, les chuintement des feuilles aux oreilles, le doux bruit de la rivière en musique de fond.
La première partie de ce livre est donc consacrée à cette histoire, cet amour impossible, mais avec un tel talent, que vous en savourez chaque mot.

Et comme tous les contes démarrent toujours mal, l'idylle des deux jeunes gens se verra brisée le jour où le frère de Rosendael les surprendra et essaiera de tuer le Prince Démon.
Laocoon, laissé pour mort, mettra de longs mois à se remettre parmi les siens.
Rosendael, bannie par ses actes, se retrouvera enfermée entre les murs de sa chambre, avec un espoir, un dernier souvenir de son amant qu'elle croit mort : leur futur enfant.

L'enfant à naître, hybride de deux races ennemies, va semer la discorde, et le jeune Laocoon retrouvant sa bien-aimée, l'emmènera vers le nord, tous deux pourchassés par leurs propres familles.

Et l'enfant née, cette enfant étrange qui porte le nom d'amour de Morwen, ainsi que le nom puissant de Tahnee Sharn, devant être cachée, se verra confiée aux mains des prêtresses de Yanis, Déesse de la Mort. La beauté surnaturelle de Morwen, et l'aide de son père, feront passer le nourrisson pour la réincarnation sur terre de la déesse.

'Voici Yanis, réincarnation vivante, Déesse de la Mort, favorite de la nuit, entité suprême, pouvoir absolu."

Et c'est ainsi que la jeune Morwen, bébé moitié démon, moitié elfe, arriva en tant qu'incarnation vivante de Yanis, entre les bras d'une prêtresse humaine : Ancilla.

Ainsi commence la deuxième partie du livre, bien différente. Originale et loin d'un conte, l'écriture change en conséquence, car le monde dans lequel va grandir la maintenant nommée Yanis, est loin d'être empli de l'onirisme des immortels. J'ai apprécié cette adaptation de l'écriture.

Cette partie est très immersive et nous plonge dans l'enfance de Yanis, qui grandira manipulée comme un pantin par prêtres et prêtresses, ignorante de ses origines. Toutes ses aventures et déboires façonneront son caractère au cours des ans... jusqu'à son adolescence. Car durant 15 ans, le temple sera sa maison... ou sa prison...

Lorsque le jeune magicien, Keo Seaghan, bien des années plus tard, rencontrera Yanis, il se retrouvera face à une Déesse implacable et cruelle, doublée d'une adolescente perdue... Une enfant partagée entre son coeur et ce qu'on lui a appris à être. Mais une jeune femme sur qui repose peut-être le salut du monde. Le seul être capable de contrôler la fameuse pierre d'Arkem... D'anéantir l'Innommable, celui que tout le monde craint, prisonnier d'une tour... Pour le moment. Car son pouvoir grandit chaque jour... Ceci n'est que le début d'une aventure qui promet d'être grande.

En conclusion, entre les Elfes en apparence parfaits, les Démons soit-disants mauvais et les humains à priori loyaux..... les donnes ne sont pas ce qu'elles semblent être, et le bien et le mal ne dépendent pas de la race, mais bien du coeur de chaque individu. A méditer.

Et parce que je suis d'humeur poétique, une petite citation pour le plaisir de sa beauté :

"Dans la vie, rien n'est plus important que l'amour, qu'il soit pour un frère, pour une mère, pour une amante... On n'aime jamais assez, et sans doute ne le dit-on pas suffisamment. Apprends à aimer, et apprends à le dire avant qu'il ne soit trop tard". [Laocoon, Prince Démon de Rhynantes]