Cycle d'Arkem, Tome 2 : Sinièn, Déesse de la Vie.
Auteur : Valérie Simon
Editeur : Editions du Riez
Parution : Janvier 2013
Pages : 420
RESUME :
CHRONIQUE :
(21 Août 2016)
"Sinièn déesse de la vie" est le deuxième tome du cycle d'Arkem, dont j'avais lu le début il y a fort longtemps (là j'ai le sentiment d'être une vieille lol). Je me souvenais surtout de l'univers très personnel de l'auteur et de son côté onirique fortement présent avec cette plume somptueuse.
"Avant de vous connaître, j'avais des rêves de grandeur, de vagabondages, de pays lointains. Maintenant je n'aspire qu'à des banalités. Qu'est-ce que cela signifie ?
- Que l'on désire toujours ce que l'on n'a pas."
Les souvenirs me sont revenus tranquillement en cours de lecture et je n'ai pas été perdue un seul instant dans les personnages et les événements. J'avais oublié certains détails mais tout s'est gentiment remis en place et ce fut avec un réel bonheur que je me suis replongée dans l'univers fabuleux de Valérie Simon.
Nous retrouvons Yanis et le mage Keo Seaghan, poursuivis par le Shegir, émanation de l'Innommable. Le mage emmènera la jeune adolescente de 16 ans sur son île, Lannilis, le seul lieu où Yanis pourrait être en sécurité. Il devront ensuite trouver une solution afin d'écarter le danger que représente l'Innommable et son envie de retrouver la pierre d'Arkem.
C'est toujours une joie de retrouver l'univers de Yanis, qui, ayant perdu son statut de déesse prendra le joli nom de Sinièn. Comme je le disais, la plume de l'auteur est particulièrement poétique et nous emmène avec enchantement sur les terres magnifiques ou terribles de ce monde. Cet onirisme est l'un des points clés de cette série, l'écriture visuelle nous donnant l'impression de marcher dans ces contrées sauvages, de rencontrer ces personnages pas comme les autres. J'y imagine beaucoup de grâce et de douceur mais aussi parfois beaucoup de détermination et de violence.
Ce tome m'aura paru quelque peu inégal dans le sens où la première partie, même si elle offre tout l'enchantement du monde de Yanis, subit quand même des longueurs. On se retrouve avec un manque d'action au profit de questionnements et d'apprivoisements entre Keo et Sinièn.
"Et vous, satanée gamine ! De quelle race êtes-vous pour vous octroyer le droit à l'égoïsme ? On vous parle du destin de plusieurs peuples et vous, vous ne rêvez que de vous étendre au soleil ! Ne comprenez-vous donc pas qu'il n'y aura plus de soleil si personne n'intervient ?"
En revanche, la deuxième partie réveille l'intrigue et je l'ai dévorée en deux temps trois mouvements. On rencontre de nouvelles créatures et le folklore de l'auteur ne fait que s'enrichir. En résumé j'ai été totalement captivée par toute cette deuxième moitié !
Les personnages sont tour à tour attachants et horripilants. Sinièn est une adolescente, qui, ayant grandi comme une déesse et s'étant vu offrir le moindre de ses désirs, est particulièrement capricieuse et un peu égoïste. Connaissant son passé, l'on conçoit aisément son état d'esprit puisqu'elle pense, au début, avoir tout perdu. Même si les événements lui apporteront des consolations, telle la découverte de ses origines, par exemple. Au delà de son côté arrogant et capricieux, elle offre une naïveté et une innocence vis à vis du monde extérieur (qui lui est inconnu) qui sont totalement attendrissantes. Je dois noter que sa personnalité est en totale adéquation avec la façon dont elle a été élevée : une déesse dans une prison dorée. Je trouve que l'auteur a effectué un beau travail dessus. Sinièn va peu à peu apprendre la vie et l'amour sur les chemins. Elle va apprendre à aimer ce qui l'entoure, la nature, les animaux, la vie. Elle évolue de belle manière malgré ses caprices quasi incessants.
"Qui es-tu donc ? D'où viens-tu, de qui es-tu née, pour ainsi receler tant de majesté, tant de sauvage grandeur... Pourquoi parles-tu aux fées ? Et pourquoi es-tu celle qui maîtrise la pierre d'Arkem, alors que la prophétie avait annoncé un guerrier puissant capable de s'opposer aux maléfices de Raban Siwash l'Innommable ?"
Quant à Keo Seaghan, ce jeune mage est extrêmement puissant malgré son jeune âge. Ceci mêlé à ses origines particulières font de lui un jeune homme adorable mais aussi particulièrement arrogant. Keo a sans conteste des sentiments envers Sinièn, mais j'avoue que sa manière d'exprimer son désir charnel m'a fortement agacée. Il est difficile de dire s'il est amoureux ou s'il éprouve simplement du désir physique pour cette jeune femme splendide. Tous les passages où il ne parle que de son envie de la toucher et de la posséder, j'avais envie de le tarter, de lui rappeler qu'elle avait aussi une personnalité, qu'elle était un tout et non une enveloppe vide. J'espère que ce côté se calmera par la suite, car à cause de cela, mon attachement au Mage s'en trouve fortement diminué. Pourtant, je sens bien qu'il est intéressant et que sa personnalité est attrayante.
Il y a tout au long du livre un jeu du chat et de la souris entre Sinièn et Keo, ce qui était parfois assez mignon mais parfois aussi assez agaçant. Ce petit jeu contribue à ralentir l'action et c'est pour cette raison que parfois, je déplorais leurs longues joutes verbales et tous les non-dits et sous-entendus. Les jeunes gens se mettaient en colère très souvent l'un contre l'autre à cause de simples défauts de communication. Ces inconstances de caractères n'étaient pas toujours les bienvenues, mêmes si tous les deux restaient attachants malgré eux de par cette maladresse.
"Parfois, continua la jeune fille doucement, je vous hais car vous ne respectez pas ce que je fus. Vous oubliez trop facilement combien j'étais puissante. Lorsque j'étais une Déesse, la vie était si facile ! Il me suffisait de demander pour obtenir. Et même si certaines personnes ne croyaient pas en moi, elles se comportaient avec moi d'une façon toujours très respectueuse. Vous, vous êtes tellement dur ! Votre cynisme est ce que j'ai le plus de difficulté à supporter."
La fin de ce tome nous promet une suite renversante ! En effet, une guilde se crée, afin de protéger la maîtresse d'Arkem qui se prépare pour une quête dangereuse, dans la plus pure tradition de la fantasy épique. Cette guilde comporte des elfes, un nain, des démons, des hommes, des mages et même une licorne. Bref, de quoi se plonger dans une véritable aventure !
Le cycle d'Arkem est une très belle fantasy contemplative, onirique à souhait, qui se savoure. La beauté de l'écriture et de l'univers sait pallier aux quelques longueurs de début de roman.