De l'autre côté du mur, préquelle : Notes pour un monde meilleur.

Auteur : Agnès Marot
Editeur : Editions du Chat Noir
Parution : Septembre 2015
Pages : 224

RESUME :

Isaac est physicien, Azra auteur. Ils ont toujours formé un front uni contre l'adversité, mais une terrible nouvelle s'abat sur leur couple et brise leur rêve d'un avenir heureux. Isaac est persuadé de résoudre le problème avec sa création ; Azra, en pleine fuite de la réalité, se cache derrière ses mots. Inévitablement, leurs chemins se séparent peu à peu.
Jusqu'au jour où Isaac comprend que leur tragédie n'est que le reflet de celle qui déchire la société entière, partagée entre artistes et scientifiques depuis la découverte de deux énergies à la puissance incroyable. Fermement décidé à sauver tous ceux qui ont encore une chance, il place tous ses espoirs dans le chantier d'un nouveau monde : une institution où une poignée d'hommes et de femmes pourront, main dans la main, apprivoiser et maîtriser ces énergies avant de revenir vers les autres pour transmettre leur enseignement.
Voilà l'immense projet d'un homme qui consigne ses notes pour un monde meilleur pour les générations à venir. Pour sa descendance, qu'il n'aura peut-être jamais…

CHRONIQUE :
(30 Novembre 2015)

"Notes pour un monde meilleur" est une préquelle à la dystopie "De l'autre côté du mur". Cette dystopie était originale et envoûtante, le monde riche renfermait un potentiel incroyable, c'est donc avec beaucoup d'intérêt que je me suis plongée dans ce livre.

Cette préquelle a donc déjà cette originalité certaine qui est de nous conter la mise en place de l'univers dystopique. Comment, dans un futur plus ou moins proche, l'évolution de l'être humain, suite à la découverte d'étranges énergies, aura pour conséquence de profondes mutations de la société, dont une partie se renfermera sur elle-même, dans une société dystopique à souhait, coupée du monde, oubliant même au fil du temps ses origines. Oubliant même... le pourquoi de son existence.

"Nous avons tout gâché. Art et Science ne peuvent pas vivre séparés. Hommes et femmes ont besoin de contact pour se construire et être heureux. Les parents doivent savoir qui sont leurs enfants pour connaître la félicité de la postérité.
En supprimant la violence et la peine, nous avons aussi tué la tendresse, l'amour et les joies simples de la liberté."

Nous faisons donc la connaissance d'Isaac et d'Azra. Un scientifique et une artiste. Ceux qui ont lu "De l'autre côté du mur" comprennent déjà le sens clé de ce couple. Les autres, vous le découvrirez au fur et à mesure de votre lecture. Ces deux romans se complètent mais je pense que "Notes pour un monde meilleur" a plus de sens en étant lu après qu'avant "De l'autre côté du mur". Car il est empli de clins d'œil, de références à cette envoûtante dystopie. Mais je ne veux pas vous parler de l'histoire, elle mérite d'être découverte au fur et à mesure de la lecture. Tout ce que je peux dire c'est que j'étais charmée d'avoir, pour une fois, la raison d'une telle société.

La plume de l'auteur est toujours aussi poétique, douce, magnifique mais aussi implacable. Car nos personnages passent par des moments très douloureux et inéluctables, et Agnès Marot ne les épargne guère. Mais c'est aussi ce qui fait la richesse de ce roman. Aussi, elle a toujours cette façon bien à elle de mettre en scène l'Art avec un grand A, les couleurs, les tableaux, les émotions.... Mais elle sait aussi parler avec art de... la science. Les mots coulent avec douceur, même dans les moments les plus durs, et il devient extrêmement difficile de se détacher de notre lecture.

"Je m'enfonce dans mon univers de fiction, consciente de m'éloigner du réel. Par réflexe je tends une mains vers l'ombre de XX qui se dissipe lentement, mais ma vie m'échappe, s'effiloche entre mes doigts quand je réalise que je l'ai perdu pour toujours. Je laisse couler mes larmes en même temps que celles de Leila, m'enfonce dans l'obscurité en priant pour que la rédemption m'attende de l'autre côté. Et j'écris."

L'ambiance est donc vraiment là, comme vous avez pu le deviner par mes propos précédents. J'ai le sentiment qu'il est plus sombre que son roman compagnon, mais ayant lu "De l'autre côté du mur" il y a un moment, j'en ai peut-être gardé que les moments colorés et poétiques. En tout cas ici, je pense que les plus sensibles se retrouveront avec un noeud dans le ventre ou une boule à la gorge...

Envoûtant, poétique, visuel, addictif, cette préquelle a su me charmer et encore une fois, j'avoue avoir été captivée par le fait d'être plongée dans un univers pré-dystopique. Car ce thème est rarement exploité et ô combien difficile à manœuvrer avec succès. Mais c'est ici le cas. Chapeau bas l'artiste.

"Au delà des murs, la vie n'est pas si terrible."