Diabolus in Musica.

Auteur : Céline Rosenheim
Editeur : Editions du chat noir, collection griffe sombre
Parution : Mai 2015
Pages : 147

RESUME :

Yann est un être solitaire pour qui seule la musique compte, ses projets Sjel et Totentanz représentent tout son univers. Si sa timidité et son esprit rêveur ont toujours suscité l'incompréhension et le rejet, le jeune homme sait aussi que ce caractère a forgé sa créativité. Aujourd'hui, alors que les ombres menacent, sa différence pourrait être un don encore plus précieux, bien au-delà de son talent musical, car Yann perçoit une présence qui plane autour de la scène black metal, une aura maléfique qui pourrait bien anéantir l'inspiration et la vie des musiciens.

J'ai toujours préféré le mode mineur, plus mélancolique. On dit qu'il est le mode de la nostalgie et c'est une humeur qui me correspond. Je voudrais commencer mon récit par une note de musique et je crois que ce livre s'écrira en sol mineur.

CHRONIQUE :
(02 Octobre 2015)

Une petite lecture des Editions du Chat Noir, toute courte mais sympathique.
Céline Rosenheim nous emmène dans un monde empreint d'une grande mélancolie, au sein de la scène Black Metal. Je suis personnellement passionnée par ce genre de musique mais je pense qu'il n'est pas nécessaire d'être accro pour savoir apprécier l'histoire. Car ce qui est dit sur ce type de métal est valable pour tout style de musique. Seulement ici, le Black Metal illustre à merveille cette ambiance sombre et mélancolique qui plane tout au long de la lecture. En revanche, si vous connaissez cette musique et les groupes cités dans ce livre, cela vous donnera des références appréciables et agréables à trouver dans un roman (on ne voit pas tous les jours des références au métal !). J'ai apprécié être plongée dans cette culture en toile de fond avec une sorte d'enquête paranormale en premier plan.

"Je sais que vous pouvez comprendre, la musique est ma raison de vivre, la seule chose qui m'apaise. Grâce à elle, j'ai appris à avoir de l'estime pour moi-même. Elle est la quintessence, la plus jolie partie de mon être, la seule. Sans elle je suis vide, et je veux désormais rejoindre ce vide qui m'appelle."

Yann est un jeune homme mélancolique, sombre, solitaire voire quelque peu asocial. Pris de panique dès qu'il se retrouve au milieu de la foule, seule la musique est capable de le transcender. La musique est plus qu'une passion pour Yann, elle est sa vie. Il ne vit que pour elle, son esprit empli d'imagination est au service des ses partitions, ses créations...
En réalité Yann ne s'exprime jamais aussi bien qu'à travers sa musique : son projet personnel Sjel ainsi que son groupe Totentanz sont son moyen d'expression le plus pur.
Il faut dire que son côté solitaire s'explique par un étrange don qu'il a et qui fait de lui un être à part. Mais ce fameux don lui deviendra extrêmement utile lorsque ses pairs métalleux auront affaire avec d'étranges ombres, menaçantes. Mortelles.

Le personnage de Yann n'est pas spécialement attachant car trop marginal pour cela. Il sait être touchant, mais la plupart du temps sa froideur (assumée par l'auteur) laisse une certaine distance entre lui et nous. De plus sa misanthropie est réellement poussée, même s'il faut dire que cet état d'esprit correspond bien à ce milieu musical.

Cette histoire très originale nous plonge dans le monde de Yann. Nous faisons vraiment une plongée dans ses étranges pensés, dans sa nostalgie. Ce livre est de fait très introspectif et ne présente pas réellement d'action pure. On lit d'abord ce texte pour son ambiance particulière ainsi que pour l'aura de mystère qui plane sur l'histoire.

"Je pourrais commencer par vous murmurer mon prénom et peut-être même mon nom, vous pourriez connaître l'année de ma naissance et je vous direz de quelle ville j'arpente les rues. Vous sauriez comment je gagne ma vie et je vous confierais le nombre de mes amis. Peut-être cela a-t-il de l'importance pour vous.
Mais pas pour moi.
Je voudrais commencer mon récit par une note de musique et je crois que ce livre s'écrira en sol mineur."

La plume de l'auteur est agréable et permet de ne pas étouffer sous cette mélancolie omniprésente. On ressent son amour profond du gothisme et du Black Metal. Pour autant, certaines idées arrêtées concernant cette musique, notamment, m'ont quelques peu agacées. J'y retrouve cet état d'esprit que je ne cautionne pas : "les autres ne comprennent pas notre bonne musique, nous sommes à part, nous avons forcément raison, les groupes commerciaux de Black sont merdiques, vive l'underground." Oui bon, ça va deux minutes quoi...

"Je détestais souvent les groupes qu'ils écoutaient, de Children of Bodom à Amon Amarth en passant par Dimmu Borgir et Cradle of Filth, mais tout le monde ne pouvait pas tout connaître d'emblée et je m'évertuais à les mener vers ce que j'appelais le droit chemin, à savoir celui des groupes discrets, mais habités par leur art."

Certes, Diabolus ne vous fera pas rire et il n'est pas à lire si vous souhaitez vous remonter le moral... En revanche, si vous n'avez pas peur d'une incursion originale au cœur de la mélancolie, alors lancez-vous.
Une chose est sûre, Diabolus in Musica vous sortira de vos lectures habituelles !

Trailer :