Eros Automaton
Auteur : Clémence Godefroy
Editeur : Editions du Chat Noir
Parution : Avril 2016
Pages : 300
RESUME :
Quand le Palais des Expositions de Parisore accueille le Salon Galien d’Automatie, c’est toute la capitale qui vit à l’heure des automates, quitte à chambouler quelques destins au passage.
Un attentat en plein concours de modélisation met l’inspecteur Balthazar Bouquet sur la piste d’une mystérieuse organisation pro-humaine alors même que sa sœur Adélaïde devient une célébrité dans le monde de l’automatie. Quant à Agathe Lepique, couturière timide et amie de toujours des Bouquet, elle voit sa vie transformée lorsqu’elle est embauchée dans l'atelier d'Edgar Weyland, un ingénieur de génie aussi énigmatique que séduisant. Son projet: créer la femme parfaite pour jouer le premier rôle dans un opéra romantique...
Des salles de bal étincelantes aux bas-fonds de la ville, Balthazar et Agathe vont découvrir à leurs dépens que l’amour, la vengeance et la haine ne sont pas réservés qu’aux êtres de chair et de sang.
Roman faisant suite à la nouvelle "Le Toquant" de l'anthologie Montres Enchantées
CHRONIQUE :(17 Avril 2016)
Une lecture steampunk qui a su me charmer avec sa magnifique couverture signée Cécile Guillot.
J'avais rencontré la plume de Clémence Godefroy au travers d'une nouvelle qu'elle a publié dans l'anthologie (aussi aux Editions du Chat Noir) "Montres Enchantées". Cette nouvelle s'intitulait "Le toquant" et c'est dans le même univers que nous allons retrouver les héros de cette histoire. D'ailleurs, en guise de clin d'œil, nous retrouvons ici Lucien et Léonie, sur le devant de la scène dans "Montres Enchantées".
Nous voici donc dans une sorte de Paris alternatif du XIXème, nommé Parisore, où les automates sont à la pointe de la technologie et le nec plus ultra des familles aisées. A l'heure du Salon Galien d'Automatie, toute la capitale est en effervescence. Et l'air de rien, quelques vies vont voir apparaître un sacré changement...
Nous suivons ici principalement un trio de personnages, avec Balthazar Bouquet, inspecteur de police de son état, sa sœur Adélaïde, modélisatrice d'Automates, ainsi qu'Agathe Lepique, amie de la famille et couturière de talent. Trois vies qui se verront bouleversées, trois aventures qui se retrouveront finalement liées par le hasard des faits.
Clémence Gaudefroy nous plonge avec beauté dans un monde où les automates sont au cœur des événements et des préoccupations. Son univers a beaucoup de charme, et est extrêmement bien construit. J'ai adoré me promener dans les salons des riches familles du monde de l'Automatie, voir à quel point les automates ont envahi le quotidien des gens, voir à quel point ils peuvent devenir importants de par leur vie même, voir à quels point certaines personnes... ne supportent pas ces monstres de métal et de programmation...
Un livre qui mêle savamment une enquête policière et la découverte de l'amour et de la duperie. Le tout étant bien dosé et sans niaiserie, soulignons-le. Qui montre à quel point cette époque faisait peu de cas des sentiments au profit de la raison (et du profit). Qui met en scène des personnages particulièrement attachants, dont les destins se verront chamboulés.
L'atmosphère rendu ici est particulièrement agréable. J'adorais me plonger dans cette lecture juste pour le plaisir de traîner mes guêtres dans Parisore, de voir la vie s'écouler. Les noms de villes et pays ont changé pour plus d'originalité et c'était très agréable car nous pouvions tout de même, si nous le souhaitions, situer les différents lieux grâce à des noms détournés certes, mais qui gardaient un point d'attache avec l'original. Mais loin de se contenter de nous offrir un univers étoffé, l'auteur a travaillé son intrigue pour nous offrir une enquête palpitante à la conclusion pour le moins surprenante.
Pour parler un peu des personnages, c'est simple, ils sont vraiment attachants et parfois même surprenants. Comme Edgar Weyland, si froid et distant au premier abord... et pourtant. Adélaïde, quant à elle, est une jeune femme moderne pour l'époque, qui travaille et a même une certaine renommée. Elle peut se permettre ces petites excentricités et son caractère bien trempé car elle ne souffre d'aucune pression familiale. De fait, elle vit avec son originale de tante, qui elle aussi a la pensée moderne et porte d'ailleurs des pantalons. Du coup, rien n'y personne n'oblige Adélaïde à épouser un homme par raison et contre son gré. Du coup, la jeune femme n'hésitera pas à jouir de sa liberté. Ce qui n'est pas le cas de sa meilleure amie Agathe, dont les parents croyants et bien comme il faut se mettent en tête de lui trouver "un bon parti". La jeune fille est beaucoup plus timorée et discrète que son amie, mais sa façon d'être bloquée par les contraintes sociales m'a beaucoup touchée. Quant à Balthzar, c'est un ours. Un adorable ours certes, mais un ours quand même, à l'instinct protecteur développé et aux envies de solitude prépondérantes.
D'une manière générale, tous les personnages sont travaillés et présentent leur propre intérêt, bien qu'évidemment, les principaux le soient plus que les secondaires.
Tout est parfaitement mené ici, et toutes nos questions trouveront des réponses. D'ailleurs, comme dit l'adage, tout est bien qui finit bien. Ce fut un vraiment moment de bonheur et de paix que de me plonger dans cette histoire, que j'ai tout de même littéralement dévorée. La plume de l'auteur est on ne peut plus agréable, le vocabulaire très adapté à l'univers et les chapitres passent sans même que l'on se soit rendu compte d'avoir tourné les pages. Un livre tout en douceur et en fraîcheur que je recommande aux amateurs de steampunk mais pas que. Si votre envie est juste de vous évader et de passer un moment délicieux, n'hésitez pas, Eros Automaton est fait pour vous !
"L'homme se targue aujourd'hui de pouvoir créer non seulement des œuvres d'art, non seulement des machines, non seulement des villes et des routes, mais d'autres êtres. Et ces êtres ne lui sont pas semblables, comme le sont des enfants. Ils sont dociles, agréables, sans faille. C'est une humanité rêvée, une humanité fantasmée, mais ne vous y trompez pas : ce n'est pas une vraie humanité. Cette fausse engeance, portée aux nues par les défenseurs du progrès et de la science, nuit à la vérité de l'homme."