Faim du monde.

Auteur : Tesha Garisaki
Editeur : Voy'[el], collection e-courts
Parution : Juillet 2015
Pages : 70

RESUME :

Les étudiants mangent souvent des pâtes. Mais que connaissent-ils de la faim, la vraie ? Dans leur cité U cernée par les zombies, un petit groupe de survivants va en faire l'expérience.

CHRONIQUE :
(07 Septembre 2015)

Cette deuxième nouvelle que je lis de Tesha Garisaki est elle aussi très bonne, dans un univers totalement différent.

En effet elle vient ici surfer sur la vague zombie avec un début très classique : une invasion de zombies sur un campus, mais une suite ô combien originale.
Vous vous attendez peut-être à trouver le schéma classique des romans post-apocalyptiques : des héros qui se groupent et s'entraident pour survivre.

Mais l'auteur s'appuie ici sur une vérité (ou hypothèse ?) anthropologique bien différente : en réalité, comment réagirait l'être humain ? Quel trait de personnalité ressortirait vraiment ? La solidarité ? Ou l'égoïsme ? Et des deux catégories, quelle serait la gagnante ?

Une courte nouvelle délicieusement affreuse et ô combien réaliste qui montre sans détour que l'homme n'est pas le héros qu'on voudrait qu'il soit...

« Il courait comme un dératé sur le cours Kennedy. Comme jamais il n'avait couru. Mais il avait la mort aux trousses, cette fois. Un zombie apparut sur sa droite, entre deux voitures, chancelant dans sa direction, mais pas assez vite. Toutefois Benjamin n'avait pas l'esprit à faire des calculs de trajectoire : il accéléra en gémissant. Alors qu'il traversait l'avenue, sur le trottoir opposé, un autre mort-vivant le lorgna avant d'avancer à son tour. »

C'est ainsi qu'au fil des mois qui s'écoulent dans ce bâtiment CROUS d'une université, nous assistons à l'exacerbation de tout ce que l'homme a de plus mauvais au fur et à mesure que la faim et l'ennuie s'installent. Quant aux bons... leur est-il possible de survivre ?

Les personnages ne sont pas particulièrement attachants mais ne nous voilons pas la face, c'est le but recherché. Le personnage principal, Benjamin est même carrément détestable et l'écriture simple et efficace de l'auteur nous permet de nous rendre compte de la situation telle qu'elle est : Certains personnages sont froids, calculateurs et sans aucun état d'âme...

« Face à un prédateur, il faut avoir peur. Face à la raréfaction des moyens de subsistance, il faut être égoïste. S'il n'y a pas à manger pour tous, pourquoi partager jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien ? Autant laisser mourir les plus faibles, ainsi ceux qui survivent ont plus de ressources à leur disposition. On en viendra peut-être là, si tout ça s'éternise. »

J'ai vraiment adoré cette petite nouvelle en plein monde zombies, mais dont le thème se penche sur les humains : les zombies sont ici un événement qui force les gens à se retrouver reclus, avec des provisions limitées. Et quand la faim pointe le bout de son nez... difficile de garder le contrôle.

J'ai du coup beaucoup aimé le thème de cette histoire et la façon dont il est traité. L'histoire en elle-même est de plus fort sympathique et la fin ... géniale !! (Elle sert aussi de belle conclusion au thème sur lequel nous sommes portés à réfléchir !).

En clair l'être humain n'est pas bien brillant... Zombie ou humain ... Qui des deux est le plus monstrueux ?