Hex.

Auteur : Thomas Olde Heuvelt
Editeur : Bragelonne
Parution : Septembre 2017
Pages : 408


RESUME :

Quiconque né en ce lieu est condamné à y rester jusqu’à la mort.
Quiconque y arrive n’en repart jamais. Bienvenue à Black Spring, charmante petite ville américaine. Du moins en apparence : Black Spring est hantée par une sorcière, dont les yeux et la bouche sont cousus. Elle rôde dans les rues et entre chez les gens à sa guise, restant parfois au chevet des enfants des nuits entières. Les habitants s’y sont tellement habitués qu’il leur arrive d’oublier sa présence. Ou la menace qu’elle représente. En effet, si la vérité échappe de ses murs, la ville tout entière disparaîtra. Pour empêcher la malédiction de se propager, les anciens de Black Spring ont utilisé des techniques de pointe. Mais un groupe d’adolescents locaux décide de braver les règles, et plonge la ville dans un atroce cauchemar…
   


CHRONIQUE :

( 13 Novembre 2017)
 
Hex, c’est l’histoire de Black Spring. Une petite ville américaine, près de New York. Sans histoire. En apparence. Car Black Spring, en plus de sa boucherie, de son bar et de son supermarché, possède aussi... sa sorcière. Qui hante la ville depuis plus de 300 ans, allant là où elle le souhaite, avec sa bouche et ses yeux cousus.
 
Ce livre est idéal pour la période d’Halloween, car, même si je ne le trouve pas à proprement parlé effrayant, l’atmosphère est très bien rendue, au point que ce roman s’est invité dans mes rêves...
 
Personnellement, j’ai adoré cette histoire très originale, où la sorcière, du nom de Katherine, surnommée encore mamie, se balade tranquillement où elle veut puisqu’elle a la faculté de se téléporter. Ainsi, si l’envie lui prend de venir passer la nuit au pied de votre frigo ou même de votre lit... tant pis pour vous, vous ferez avec. Oui, car certaines règles environnent Katherine : on ne l’ennuie pas, on ne la contrarie pas, on ne la touche pas. mais surtout, on la garde cachée du reste du monde. Quand des touristes viennent en ville, tout est fait pour qu’ils ne voient pas Katherine. Les subterfuges vont parfois jusqu’à faire de faux travaux afin de cacher la sorcière dans une cabane de chantier. Et cela donne des situations très drôles. C’est d’ailleurs l’un des points essentiels de ce récit : c’est que même s’il est fait pour effrayer, on y trouve tout de même des passages où l’humour est prépondérant.
 
"Le cœur battant la chamade, Steve s’agenouilla à côté de la femme aux yeux cousus et ramassa le torchon. Puis il se releva. Alors que son coude frôlait la chaîne de l’aveugle, cette dernière tourna vers lui son visage mutilé. Il lui remit le torchon sur la tête et se hâta de rejoindre les autres, le front trompé de sueur, alors que les aboiements féroces et alarmés de Fletcher retentissaient depuis le jardin. 
— Bonne idée, le torchon, dit-il à Jocelyn. 
La famille continua de manger, et pendant tout le dîner, la femme aux yeux cousus resta immobile derrière la vitre. 
Elle ne bougea qu’une seule fois : quand le rire aigu de Matt résonna autour de la table, elle inclina la tête. 
Comme si elle écoutait."

 
Même si je ne pense pas que les habitants de Black Spring partageraient mon opinion sur l'humour. En effet, vivre avec Mamie comporte de nombreux désavantages. Outre supporter sa présence et son odeur de décomposition, les habitants sont ni plus ni moins que bloqués dans leur ville. En effet, lorsqu’ils s’en éloignent trop longtemps (plus d’une semaine), une envie irrépressible de suicide les assaille. Le seul moyen de survivre ? Rentrer à Black Spring. Et puis il y a l’Hex, cette espèce de police secrète créée afin de garder l’existence de Katherine inconnue. Et c’est ainsi que toute la ville est surveillée par d’innombrables caméras. Du coup, adieu la vie privée, chacun de vos faits et gestes sera surveillé. Et comme la police ne doit pas venir fourrer son nez dans la ville, la justice est gérée en direct. Expéditive. Et un brin médiévale.
 
Mais depuis le temps, les gens sont habitués à cette vie et à leur sorcière. Ils ne font plus vraiment attention à elle. Pourtant, un groupe de lycéens va décider de ne pas accepter la fatalité de leur futur. Pas de petite copine à l’extérieur de la ville, des études limitées puisqu’ils doivent pouvoir revenir en ville régulièrement, il faut avouer qu’il y a de quoi se sentir prisonnier. Mais venir chatouiller la sorcière n’était peut-être pas l’idée du siècle...
 
J’ai sincèrement adoré toute l’histoire ainsi que la tournure des événements. Ce roman est vraiment l’histoire de la ville et de ses habitants, et on vit une multitude d’événements à leurs côtés. Nous suivons surtout la famille de Steve et Jocelyn et de leurs enfants Matt et Tyler. C’est une famille vraiment adorable à laquelle je me suis beaucoup attachée.
 
Nous rencontrons aussi d’autres personnages, et je dois avouer que l’auteur a réellement l’art de nous présenter des visages humains. Chacun ici a sa personnalité propre, avec ses qualités et ses défauts. Il faut le dire, les personnages sont authentiques ! Une réelle réussite de plus.
 
Ce n’est pas pour cela que l’auteur les épargnera... Et ici, comme souvent dans les livres présentant des créatures, on ne peut que se demander qui des monstres ou de l’humain est le plus horrible... Est-ce réellement la sorcière la responsable de toute la violence qui s’emparera de Black Spring ? Voici une vision certes un peu misanthrope, mais tellement réaliste !
 
Je tiens à noter le style particulier de narration. En effet, comme je vous le disais, les caméras sont nombreuses et l’auteur a fait en sorte que l’on ne l’oublie pas. Du coup certaines scènes sont narrées par l’objectif de la caméra, ce qui donne un effet particulier. On se rend vraiment compte du côté voyeur de leur vie, du manque d’intimité, puisqu’il y a toujours quelqu’un pour regarder ce qu’il se passe. J’ai personnellement adoré cette originalité, mais je pense que cela peut surprendre certains lecteurs.
 
En conclusion, je ne peux que vous inciter à vous pencher sur Hex si vous aimez ce genre de lecture.




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