Katana, tome 1 : Vent Rouge.

Auteur : Jean-Luc Bizien
Editeur : Le Pré aux Clercs, collection Pandore
Parution : Mai 2013
Pages : 331

RESUME :

Le roi-dragon exerce sa tyrannie sur le Japon. Un jour, Ichirô, apprend que le souverain a tué ses parents. Assoiffé de vengeance, le jeune samouraï errant décide de défier le Shogun sorcier. Hatanaka, son père adoptif et samouraï d'élite va le préparer à l'impossible. Ichirô part pour une longue quête, au cours de laquelle il sera rejoint par des compagnons de route, voleur, paysan ou ninja. Il devra les accepter dans leurs différences, réunir leurs forces et leurs caractères... et se découvrir à son tour.

CHRONIQUE :
(24 Juillet 2015)

Cela faisait un moment que Katana traînait dans ma PAL. Je l'ai enfin sorti et j'en suis contente. Passionnée de Japon, j'ai eu une période où je lisais énormément de livres se passant dans le Japon médiéval. Cette période s'est calmée mais c'était avec un réel plaisir que je suis retournée dans le Japon des samouraïs, sous la plume de Jean-Luc Bizien. Je pensais que ce roman Young Adult flirterait plus avec le fantastique, mais dans ce tome 1, le côté surnaturel est juste effleuré. Il s'agit ici d'un roman d'action, mettant en scène un adolescent futur samouraï, son sensei et encore d'autres compagnons.

Ichirô vit avec son maître Hatanaka dans la montagne. Le jeune garçon d'environ quinze ans et son Sensei sont ce qu'on appelle des yamabushi : des guerriers de la montagne. Ils vivent en ermite dans cette nature difficile mais généreuse si l'on sait l'exploiter.
Mais la vie d'Ichirô va changer radicalement le jour où le vieil Hatanaka lui apprendra la vérité. Ichirô est le fils d'un seigneur, tué, lui et sa compagne, par le daimyo de leur province. Ichirô n'a alors plus qu'une seule idée en tête : venger la mort de ses parents, affronter le daimyo tout puissant, cet être dont on dit qu'il a tant usé de la magie noire qu'il n'est plus vraiment humain...

La quête de vengeance d'Ichirô s'entame alors, mais l'on ne s'attaque pas impunément à un seigneur, et approcher le cruel dirigeant s'avérera compliqué. Lors de cette quête, Ichirô finira par s'entourer d'étranges compagnons de route composés aussi bien d'un voleur que d'un samouraï...

Le premier tome de cette duologie se lit avec fluidité et plaisir. Jean-Luc Bizien est bien documenté sur l'art du ken-jutsu et les combats au sabre sont bien détaillés (mais expliqués de façon à ce que chacun puisse comprendre l'action.). Je ne me suis pas ennuyée une seule fois en cours de lecture, car, toujours sur les routes, nos compagnons ne manquent pas de périls à affronter, et sont sans cesse obligés de se dissimuler.
La fin nous offre une révélation à laquelle je ne m'attendais pas du tout et j'en fut agréablement surprise.

"Une seule attaque.
Une seule chance.
La victoire ou la mort, c'était la loi du kenjutsu. Une fois le sabre dégainé, le samouraï se devait de combattre."

Les personnages sont réellement singuliers et sympathiques. Déjà le jeune Ichirô ne manque pas de courage et de témérité et on voit qu'il a été élevé comme un futur samouraï : il est très mature pour son âge et ne vit plus malheureusement que pour la vengeance, mais aussi pour le bien des autres.
Hatanaka quant à lui est un véritable sensei dans toute sa splendeur. Son art du sabre est tel qu'il inspire le respect immédiat autour de lui. J'ai apprécié ce personnage qui ne s'éloigne pas du Bushido (la Voie des Samouraïs).
Ensuite d'autres personnages sont aussi très présents mais je ne peux pas vraiment vous en parler sans spoil. Sauf de Buta, qui accompagne le groupe depuis le départ ou presque. Il est la caricature même du paysan de l'époque féodale, tel que décrit dans les anciens récits de l'époque. Buta est adorable, pas très intelligent. Il connaît la montagne par coeur et se voue corps et âme au groupe mais il est aussi très couard et s'effondre en pleurs à la moindre incartade. Il est réellement typique des caricatures japonaises telle qu'on les retrouve dans les vieux récits, mais certaines personnes le trouveront certainement trop caricatural justement. Pourtant il colle bien au style.

"Ils étaient dix militaires réclamant vengeance, qui tremblaient de rage auprès de la dépouille de Saburô, encore agitée de soubresauts au milieu d'un flaque de sang.
Dis porteurs de mort, animés d'une furieuse envie d'en découdre."

J'ai apprécié grandement ma lecture, même s'il s'agit purement d'un roman d'action / aventure. Je m'attendais à une touche fantastique plus présente, mais je ne suis au final pas déçue car j'ai su apprécié cette lecture sans. On a affaire à un auteur documenté, qui sait de quoi il parle et qui connaît les récits d'aventure typiquement japonais.
Pour autant il ne faut pas oublier que ce roman est destiné aux jeunes ou aux ados : il présente quelques facilités de scénario : les blessures guérissent trop vite, les ennemis sont vite ralliés à la cause, le méchant est vraiment méchant et le gentil trop gentil, trop bon, trop candide, etc... Mais lorsque l'on garde en tête le côté jeunesse, c'est beaucoup de bonheur.

Je lirai la suite avec un plaisir certain, et j'ai hâte de savoir comment Ichirô réussira à mener sa mission...