Kryna, Intégrale.

Auteur : Rose Berryl
Editeur : Editions du Petit Caveau
Parution : Septembre 2015
Pages : 200


RESUME :

Kryna est une jeune femme au lourd passé, une tueuse en série devenue vampire en voulant tuer un homme qu’elle pensait inoffensif. Incarcérée dans un asile psychiatrique pour avoir reconnu le meurtre de dizaines de personnes, elle se libérera de ses liens pour assouvir sa soif de sang frais.
Après dix ans d’emprisonnement, plongée dans une société qu’elle a quelque peu perdu de vue, elle exploitera ses nouvelles facultés pour remonter la hiérarchie vampirique dont elle est issue, aidée par un allié quelque peu atypique.
         


CHRONIQUE :

(22 Août 2017)


Vous aimez les vampires resplendissants à la Twilight ? Les belles histoires d’amour où l’immortalité devient prétexte à un amour éternel ? Les récits vampiriques où les héroïnes ont le coeur sur la main ? Oui ? Alors c’est super !
 
Mais bon par contre, passez votre chemin. Car ici, vous serez aux antipodes de ce genre de récit. Oui, ici, nous suivons la vie de Kryna, psychopathe doublée… de vampire. Donc question bons sentiments et beauté d’âme, vous repasserez ! Kryna est violente, dangereuse et mortelle. Yep.
 
« Nous nous imposions les uns aux autres par la ruse et la violence, non par le respect et la courtoisie. »
 
Par contre, si vous avez envie d’un récit vampirique empli d’action, que vous aimez les anti-heroïnes au caractère de Pitbull enragé et qu’effusions de sang et de boyaux ne vous dérangent pas, voire vous attirent, alors vous avez frappé à la bonne porte avec ce livre.
 
Question scénario, la quatrième de couverture vous dit juste ce qu’il faut. En revanche, il est bon de noter que ce roman est d’abord sorti sous forme de six épisodes avant d’être regroupés dans cette intégrale en tout point magnifique. Couverture reliée, illustrée par Alexandra V Bach, l’objet livre est splendide.
 
Mais ne nous égarons pas. Je vous disais donc que Kryna a été écrit sous forme d’épisodes, ce qui donne un léger style série télé, d’autant que la plume est très visuelle. Et l’avantage de cette construction, c’est qu’il y a toujours de l’action, car il s’agit de ne pas perdre son lectorat en cours de route.
 
Le point faible, en tout cas dans ce récit ? C’est le manque de développement de certains points. L’auteur nous jette dans son univers et on en apprend un peu les ficèles sur le tas. Rose Berryl a créé tout un système de castes, assez riche et très intéressant, et j’avoue que quelques éclaircissements, sous couvert d’une conversation par exemple, n’auraient pas été de trop. Car je me suis parfois retrouvée un peu désappointée devant les décisions de la demoiselle, par manque d’informations. Et une question me reste : la tueuse, en devenant vampire, se retrouve avec un nouveau nom. Mais pourquoi diable Kryna ? Je m’attendais à une explication. Mais non, snif (oui c'est un détail lol).
 
Mais pour le reste, j’ai réussi à comprendre au fur et à mesure.
 
À noter tout de même que les deux premiers épisodes sont un peu plus maladroits que les autres dans le sens où vous vous retrouvez avec de gros blocs narratifs et peu de dialogues. Mais rassurez-vous, la suite du récit va vous apporter son lot de répliques détonantes.
 
Et ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que les épisodes sont très différents les uns des autres. Vous démarrez le récit dans un asile pour le finir dans une étrange demeure aux allures de manoir hanté digne des meilleurs jeux vidéos. Bravo pour l’imagination, je ne me suis pas ennuyée une seconde !
 
« -  On se croirait dans une église. C’est à gerber.
-    Cela a dû prendre une éternité pour réaliser pareil ouvrage, s’extasia Quentin-Charles, tandis que je soupirais à ses mots.
-    Chez des vampires, cela n’est pas un problème !
-    C’est vrai. Je n’avais pas songé à cela. Mais avouez que c’est joli.
-    Autant qu’un moustique écrasé contre la vitre d’une bagnole.
-    D’accord. Chacun sont truc. »

 
Parlons un peu de notre chère Kryna. Elle est un peu folle à lier quoi… enfin un peu… comme je vous disais c’est tout de même une tueuse en série devenue vampire, donc le « un peu » me semble finalement… peu approprié. Notre vampire est loin de faire dans la dentelle ! Vous voyez la jeune fille sur la couverture ? Eh bien Kryna, c’est elle. Mais ne vous fiez pas à son apparence d’ado rebelle au bon coeur, cette psychopathe va vous offrir quelques scènes d’un gore… savamment étudié pour vous faire comprendre que non, elle n’est définitivement pas une FAUSSE méchante. Et comme beaucoup de tueurs en série, la belle a eu une enfance que je qualifierai de chaotique. D’ailleurs certaines scènes, notamment une, sont un peu dures, au vu de l’attachement que l’on porte à la jeune psychopathe. Et oui, j’ai bien aligné les mots psychopathe et attachement. Un tour de force de l’auteur qui m’a fait aimer cette cinglée. Cinglée, cynique et drôle. Si je devais émettre un petit jugement, pour chipoter, je pense qu’elle aurait gagné à être un peu plus machiavélique et un peu moins je-fonce-et-réfléchirai-plus-tard.
 
« D’une main, je tenais une lame aiguisée, empruntée dans la cuisine du jeune homme. De l’autre, j’extirpais l’un des globes oculaires du vampire d’un geste brusque, avant de l’exploser d’une pression sèche. Affamée, je m’étais alors empressée de gober ce qu’il en restait, avant de m’accroupir devant la dépouille de mon ennemi, bien décidée à assouvir l’appétit qui me rongeait les entrailles depuis un moment. »
 
Dans ses aventures, elle sera épaulée par Quentin-Charles, geek, hacker, intello, qui recèle toute la panoplie du genre, sauf l’envie de vivre des supers aventures. Bon, après, il faut avouer qu’avec notre vampire, les « aventures » ont de grosses allures de cauchemars. En tout cas, j’ai beaucoup apprécié le duo, et ne croyez surtout pas que la tueuse sera attendrie devant son geek. Certes elle a une raison de ne pas en faire son quatre heures, mais ce n’est pas pour autant qu’elle l’épargnera.
 
« -  Quoi ? Que se passe-t-il ? s’inquiéta le geek.
-    Si tu la fermais, je le saurais déjà.
-    Des vampires ?
-    Probablement.
-    Vous allez de nouveau devoir… enfin, vous voyez de quoi je veux parler ?
-    Quoi ?
-    Eh bien… les tuer…
-    Oui. C’est même plus que certain.
-    Ah…
-    Quoi ? Qu’est-ce que tu as encore ?
-    Non, rien. Mais…
-    …
-    Vous n’allez pas me sucer le sang, n’est-ce pas ?
-    Si tu ne la fermes pas, je te promets de te foutre mon poing sur la gueule, jusqu’a ce qu’il traverse ton petit crâne d’intello !
-    … Cela à le mérité d’être clair, se renfrogna-t-il, le teint aussi blanc que la neige. »

 
Niveau écriture, c’est une plume incisive et brutale qui nous plonge dans ce récit, collant parfaitement à l'atmosphère. Plume qui ne mâche pas ses mots, plume qui ne vous cache pas les horreurs. Si vous n’aimez pas les scènes de massacre, euh ben… passez certains paragraphes. Après je vous rassure, ce n’est pas un livre présentant QUE du gore, juste pour le plaisir. Non non, comme je vous le disais, il renferme pléthore d’événements. Mais voilà, l'auteur n’épargne ni ses lecteurs, ni ses personnages, pour notre plus grand plaisir (auteur sadique vs lecteur maso… qui est le plus fou ?).
 
Quant à la fin, je l’ai adorée tout simplement ! J’avoue que l'auteur a su me surprendre avec un enchaînement d’événements inattendus !
 
Vous l’aurez donc compris, Kryna n’est pas un livre qui fait dans le gentil vampire. C’est un livre empreint d’une certaine violence, même si… pas que. Je l’ai personnellement beaucoup aimé malgré ses quelques menus défauts, et cela m’a fait du bien de retrouver des vampires cruels, et une auteur qui assumait un personnage principal qui ne l’est pas moins. Un roman explosif.
 
« Sur l’estrade les quatre vampires s’étaient assis, tandis que les serviteurs apportaient le plat de résistance. Dressée sur un plateau d’argent, une pomme glissée entre les lèvres, une mortelle avait été ligotée, bras dans le dos, tel un cochon fraîchement cuit. Sa peau, rose et visiblement tendre, portait sur le côté gauche une lame plantée profondément. Lorsqu’ils la virent arriver, les vampires exclamèrent leur bonheur.
-    Puis-je vous servir, très chère ?
-    Comme d’habitude, Louisa. Juste devant les côtes. »