La Dernière Terre, Tome 1.

Auteur : Magali Villeneuve
Editeur : L'Homme Sans Nom
Parution : Octobre 2012
Pages : 480
RESUME :
Un monumental ruban de pierre se dresse en sentinelle au bord des brumes éternelles.
Les hommes leur ont donné un nom : la Dernière Terre.
Dans la cité-capitale des Cinq Territoires, Cahir, jeune homme frêle, maladif, aux mœurs et aux allures bien éloignées des codes stricts qui font loi autour de lui, subsiste envers et contre la réprobation générale. Il est issu des Giddires, un peuple rejeté, au ban de la paix politique qui unit les autres contrées. Malgré cela, entre intelligence et ingénuité, il parvient à se rapprocher de certains locaux, dont Ghent, fils du Haut-Capitaine à la tête des forces militaires des Basses-Terres.
Au fil de ces jours paisibles, s'il advenait un événement capable de bouleverser tous les dogmes établis, quel poids l'existence de Cahir aurait-elle dans la balance des certitudes ?
Pourquoi nous l'éditons :
Parce que c'est de la dark fantasy, genre qui nous attire depuis longtemps.
Parce que le travail sur les personnages est d'une ampleur rare.
Parce qu'un souffle épique sous-tend le récit.
Parce que c'est une œuvre somme, roman et travail graphique entremêlés avec un talent rare.
CHRONIQUE :
Gros coup de coeur pour ce premier tome.
Comment vous parler de La Derniere Terre... La Dernière Terre est le genre de roman à lire emmitouflé(e) au coin d'un feu, lumières éteintes, à l'abri de la réalité. Car LDT vous emmène dans son monde, littéralement...
D'ailleurs, ici, à mon sens, on ne parle plus de roman, mais d'oeuvre. Outre la splendide couverture illustrée d'Alexandre Dainche, doublée d'un superbe carnet de croquis (édition limitée), d'un objet livre de réelle qualité (merci les éditions de l'HSN), la première page donne tout de suite une idée de la beauté intérieure de cet ouvrage. La plume de Magali Villeneuve est d'une rare qualité, même pour un roman de fantasy où l'écriture est souvent assez recherchée. Magali peut en remontrer à beaucoup, même aux plus grands. Ses lignes vous transportent directement dans son univers, aux côtés de ses personnages, presque dans leurs pas, avec un raffinement rare.
Son univers est décrit avec force minutie, d'une écriture si poétique qu'aucune description ne paraît lourde ou en trop. Voilà une plume maniée avec intelligence.
Ses personnages sont attachants, et le mot est faible. Le travail fourni, tant d'un côté physique (les traits, les postures, les vêtements) que psychologique est époustouflant. On croirait les connaître depuis toujours. Personnellement, j'avoue que Cahir, le jeune Giddire a fait fondre mon coeur. Il est particulièrement attachant, repoussé de par son origine, et pourtant... Et pourtant il a une force d'âme, un charme indéniable qui ressort à travers les mots le concernant, un caractère et un sens de la réplique hors du commun et souvent à mourir de rire.
Son Ami Ghent, quant à lui, est tout à fait différent. Il correspond à l'élite de la société Agrevine à laquelle il appartient. Sa loyauté n'a d'égale que sa bravoure, son flegme sa bonté. D'un abord plus réservé que son ami, il est presque son exact opposé, et pourtant leurs liens semblent traverser les embûches. Reste à savoir où tout cela les mènera...
Quant aux autres personnages, d' Esaig (fougueux et rebelle de tempérament) à l'Ighil, en passant par Nelgoth de Thil ou sa fille Rhégia, le travail n'est bâclé pour personne. Impétueux, énigmatique ou détestable, ils sauront tous vous faire ressentir maintes émotions à leurs égards.
Pour l'histoire. Peu la peine d'en parler, les spoils étant malvenus n'est-ce pas? Vous voici donc au sein d'une terre étrange, nommée La Dernière Terre, dont les Basses-Terres, enfermées au sein d'une gigantesque muraille comportent 4 régions. La 5°, la plus rebelle de ces territoires, vit en marge de cette société, dans les peu hospitalières Hautes-Blanches (une carte en début d'ouvrage permet de comprendre la géographie avec précision). Ce peuple, les Giddires, doivent endurer l'aversion pure et simple de leurs concitoyens de la muraille.
Pour protéger cette enceinte, les territoires nomment des Arpenteurs, sous le commandement des Hauts-Gardes, et, en chef des cette armée, le Haut Capitaine. Sans oublier L'Ighil Nolath, que je vous laisse découvrir.
C'est au sein de ce monde que Cahir, jeune Giddire des Hautes-Blanches, se retrouve a vivre dans la cité mère suite à une improbable rencontre. Le jeune homme va grandir et se former, malgré les regards torves lancés du coin de l'oeil à chacun de ses pas. Et Cahir se rapprochera de Ghent, fils du Haut-Capitaine.
L'auteure prend le temps dans ce premier tome de nous "planter son décor". Qu'est la dernière terre, qui sont nos personnages, quels sont les rôles, les fonctions, la façon de vivre de chacun. Indéniablement, nous avons affaire ici à de la fantasy immersive (vous n'y trouverez pas combats sur combats, bruits des haches sur les boucliers à chaque page). Non, vous y trouverez l' addiction pour un monde travaillé et imaginé par un esprit génial. vous y trouverez des personnages d'une profondeur peu commune, sous une plume talentueuse.
Pourtant, un événement troublant arrivera et changera le cours des événements. La mort n'est jamais loin. Les faits étranges non plus . Rajoutez à cela quelques chapitres obscurs et mystérieux, nous présentant divers personnages (aaah Féor Elliem!), dont nous ne comprenons guère pour le moment leurs rôles dans tout ceci, et qui, pourtant, nous font sentir leur importance pour la suite... Mélangez le tout et vous obtiendrez une fin qui ne vous laissera qu'une idée en tête : lire la suite.
PS : Bien que ce texte ait sans contexte pour but premier de nous faire rêver, de nous évader, je n'ai pu m'empêcher de souligner les ressemblances entre les comportements des différentes sociétés de ce livre et la nôtre. Que l'on parle de ce jeune Giddire, qui doit faire face à un racisme probant, des Agrevins pour qui rien n'a plus d'importance que le paraître, de cette jeune Reghia de Thil, au tempérament plus tempétueux et franc, des Gamarides qui sont un peu pour moi la représentation de nos campagnes, on retrouve ici une critique légère mais réaliste de notre société. Et si on veut aller plus loin et se torturer les méninges quelques minutes, cela prête à réfléchir...