La Gloire Ecarlate.
Auteur : Fabrice Pittet
Editeur : Fantasy Editions rcl
Parution : Août 2014
Pages : 60
RESUME :
Impuissant, le jeune chasseur Bastan voit tout un village se faire massacrer par des brigands quand une troupe de Radashiens, payée par le roi, vient leur porter secours. Bastan part aussitôt rejoindre ces mercenaires, réputés sur tout le continent pour leur efficacité et leur férocité. La formation aussi inhumaine que dangereuse lui apprendra pourtant le sens du mot fraternité... et que la gloire s'achète au prix du sang. Le jour de la dernière épreuve approche...
CHRONIQUE :
(14 Septembre 2015)
« Chaque homme doit se fixer un objectif pour avancer dans la vie, sinon il ne fait que barboter dans un quotidien qui finit par l'étouffer.
Un objectif. Une raison de vivre. »
Après la lecture de "Par-delà les ondes", Fabrice Pittet m'a proposé de lire une autre nouvelle d'un genre différent : "La Gloire Ecarlate". J'avais tellement apprécié son imagination et sa plume que j'ai accepté sans hésiter. Pure fantasy, cette nouvelle m'a autant enthousiasmée que la première.
Et je note au passage le petit plaisir que j'ai eu avec ce clin d'œil à l'univers des Bélénides.
"La Gloire Ecarlate", c'est l'histoire de Bastan, un jeune et prometteur chasseur qui assiste au massacre de son village. Puis au sauvetage du même village par des mercenaires de renom : les Radashiens, la compagnie Ecarlate. Envoûté, Bastan décide de tout faire pour rentrer dans cette prestigieuse armée. Pour combattre le mal. Pour la gloire aussi.
Mais Calabos, le mentor de Bastan, essaie de dissuader le garçon : il a élevé celui-ci dans le respect de la nature et des êtres vivants (un thème que l'auteur exploite encore une fois très bien). Les Radashiens sont des mercenaires proposant leurs services aux plus offrants et n'ont pas de valeurs qui touchent le vieux Calabos.
« — Tu peux me dire ce que tu comptes faire ? questionna Calabos en retenant son apprenti par la ceinture.
— Ces gens ont besoin de nous.
— Ces gens sont perdus. Et je n'ai pas envie que nos cadavres rejoignent les leurs.
— Nous devons essayer !
— Non ! Nous devons employer ça ! fit sèchement le vieux mentor en tapotant sa tempe de l'index. Ne confonds pas l'héroïsme et la bêtise. »
Mais rien ne pourra détourner le jeune archer de son but : le voilà rendu aux portes de la Cité Ecarlate afin d'y passer les tests et d'intégrer la formation des Radashs.
Et Bastan se rendra compte que ses rêves exigeront de grands sacrifices.
Je ne vous en dirai pas plus mais cette histoire était passionnante. Nous suivons les différentes étapes de sa formation, ses envies de grandeur. Nous le suivrons jusqu'à ce qu'il devienne enfin le mercenaire qu'il a toujours rêvé d'être. L'un des meilleurs.
On le voit aussi évoluer et, sans vous en dire trop, on sent un certain embrigadement faire changer le jeune homme et le pousser à banaliser des choses qui ne méritent pas une telle acceptation.
La nouvelle est bien construite et assez longue pour comprendre le monde des Radashiens et la personnalité de Bastan. Le jeune homme est un personnage attachant, même si je ne peux pas toujours cautionner sa façon de voir les choses.
L'univers est fouillé et l'écriture visuelle permet de s'imaginer de façon précise les épreuves, les gens, les costumes... La magnifique couverture rend d'ailleurs justice à ce texte, et correspond tout à fait à l'image que j'ai de ces mercenaires. Ce que j'aime avec la plume de l'auteur, c'est que chaque trait physique ou de personnalité prend une tournure particulière et de l'importance, nous éloignant de la description basique et ennuyeuse.
"Alors, Messieurs, êtes-vous prêts à faire pleuvoir la mort ?". [Bolshak, chef de section des Radashiens]
Enfin, la fin apporte un élément essentiel, qui porte à réfléchir et qui rajoute une nouvelle dimension à cette nouvelle déjà très bonne. Mais l'auteur semble vouloir aller plus loin, mettre une fois encore en avant une idée, ce qu'il réussit avec brio. J'ai adoré cette idée, cette fin. Le tournant qu'il fait prendre à son histoire est tout simplement génial.
En clair, une deuxième nouvelle de Fabrice Pittet que j'ai adorée. Chez cette auteur, j'apprécie à la même mesure la plume, l'univers créé ainsi que les idées présentées.
« Mais Bastan jugula sa peine. Pour ce faire, il utilisa son ambition. Atteindre l'objectif, coûte que coûte. Dans le sang et les larmes. La règle. Accéder à l'idéal suprême, dont il rêvait depuis des années. Il devait surpasser sa douleur. Par respect pour lui, pour tout ce qu'il avait entrepris. »