L'enfant des cimetières.

Auteur : Sire Cédric
Editeur : Le Pré aux Clercs
Parution : Mai 2009
Pages : 432

RESUME :

Prix Masterton 2010
Un thriller gothique époustouflant !

QUAND L'HORREUR SONNE À VOTRE PORTE ET QUE LES DÉMONS DEVIENNENT RÉALITÉ... ÊTES-VOUS PRÊT À OUVRIR LE LIVRE DE VOS NUITS BLANCHES ?

Lorque sa collègue Aurore l'appelle en pleine nuit pour couvrir avec elle un meurtre atroce, David, photographe de presse, se rend sur les lieux du drame. Un fossoyeur pris d'une folie hallucinatoire vient de tuer sa femme et ses enfants avec un fusil à pompe, avant de se donner la mort. Le lendemain, un adolescent, se croyant poursuivi par des ombres, menace de son arme les patients d'un hôpital et tue Kristel, la compagne de David.
Mais qui est à l'origine de cette épidémie meurtrière ? Est-ce un homme ou un démon ?
Le journaliste, qui n'a plus rien à perdre, va se lancer à la poursuite de Nathaniel, l'enfant des cimetières, jusqu'aux confins de l'inimaginable...

Thriller gothique époustouflant, L'Enfant des cimetières est servi par une écriture nerveuse terriblement évocatrice qui laisse le lecteur hypnotisé par l'horreur. Attention, si vous commencez ce livre, vous ne pourrez plus le lâcher !

CHRONIQUE :

"Dans la langue des hommes, on la nomme Naemah. Elle vient des enfers - cette région froide de l'éther où les âmes se tordent dans un océan de flammes bleues -, ce qui est justement le fruit de son désespoir, car même pour les démons, l'éternité n'a aucune saveur. Naemah s'y ennuie à mourir.
en comparaison, la terre des humains regorge d'une infinité de distractions."

Raymond Mendez était un fossoyeur sans histoire à Terre-Blanque. Pourtant, un jour, sans raison apparente, il se mit à avoir des visions, d'ombres et de démon. personne ne prêta attention à ces soi-disant hallucinations, pourtant Mendez sera pris de folie et tuera sa femme et ses enfants à coup de fusil à pompe, avant de retourner l'arme contre lui. Ce meurtre amènera sur les lieux, outre le commandant Vauvert chargé de l'enquête, David Ormeval, photographe, et Aurore Dumas, journaliste.

"Il observait le cimetière. Je crois que c'est ça qui l'obsédait, le cimetière. Il racontait que les morts sortaient de leurs tombes si on ne les surveillait pas. Il sombrait peu à peu dans la démence, mais personne n'a su réagir à temps."

Le lendemain du carnage, un adolescent se rend à l'hôpital de Jules-Barbey. Se sentant menacé et poursuivi par des ombres, il sera lui aussi atteint d'une étrange folie et menacera les gens de son arme. Kristel, la petite amie de David, présente pour donner des cours de dessin aux enfants malades, y perdra la vie.
Ayant perdu, lui, sa raison de vivre, le journaliste va se jeter dans cette étrange affaire, aidé d'Aurore, toujours à l'affût d'un article pour son journal, mais aussi loyale à son ami.
Mais dans tout cela vient s'immiscer, comme un mauvais rêve, cette légende urbaine, celle de Nathaniel Loth, l'enfant des cimetières...
Et si les légendes avaient un fond de réalité ? Si les démons étaient capables de revenir sur terre, et les morts parfois incapables d'en partir ? Si un simple regard, au mauvais moment, à la mauvaise personne pouvait condamner irrémédiablement votre vie ?
Entrez dans un monde de cauchemars, de mutilations et de morts, où la folie s'empare de votre âme.

C'est ici que l'on rencontre le personnage d'Alexandre Vauvert, que l'on retrouve dans d'autres romans de Sire Cédric ( De fièvre et de sang, Le premier sang, et La mort en tête). Le commandant de police est assez atypique, avec son physique de boxeur et son tempérament coléreux. Vauvert se fiche éperdument de la hiérarchie et de l'officiel, une seule chose compte à ses yeux : arrêter le carnage. Même quand cela impliquera d'expliquer l'inexplicable.

Le personnage de David Ormeval est particulièrement touchant, notamment au travers de sa relation avec sa petite amie Kristel. Pourtant, on ne fait la connaissance de la jeune femme que sur un court laps de temps (une quarantaine de pages tout au plus), mais l'auteur a su nous faire comprendre avec talent et émotion le lien qui unissait ces deux êtres. En peu de pages, il arrive à nous dépeindre Kristel, et on la perçoit comme un personnage exceptionnel, lumineux et empli de bonté, alors qu'elle ne devrait nous apparaître que comme une victime lambda de thriller. On ressent l'attachement du couple, et cela rend le deuil d'Ormeval particulièrement lourd, tellement nous avons l'impression de les connaître réellement. Un vrai tour de force, qui m'a fait apprécier le photographe dès le début, avec ses peines, ses angoisses, ses doutes, mais aussi sa détermination et sa confiance inébranlable en l'amour de sa vie.

Aurore est un personnage plus complexe en apparence, auquel on s'attache peut-être un peu moins, de par son côté intéressé par les scoops morbides. Pourtant, on ressent l'attachement de la jeune femme pour son ami photographe et nul doute que son côté reporter n'est pas le seul responsable de la décision d'Aurore à le suivre dans ce monde où la folie s'empare des gens, comme une maladie contagieuse.

Et que dire de l'écriture de Sire Cédric ? Une fois encore, elle me bluffe. Terrible d'efficacité, très explicite, aussi bien lorsqu'il s'agit de transcrire des émotions que de raconter des scènes visuelles, même horribles. Ici, chaque petit détail est travaillé, pour un résultat surprenant de réalisme. En exemple les conversations téléphoniques, où l'interlocuteur intervient en italique, ce qui nous amène à "entendre" la conversation sans oublier le téléphone interposé, laissant la scène réaliste et visuelle. Ce livre est tout simplement addictif et hypnotisant, avec ses chapitres courts et rythmés, son tempo rapide et sans souffle. La pression ne retombe qu'une fois le roman refermé sur la dernière page... Et encore...
Un final grandiose mais ô combien troublant...

"C'est le moment. Maintenant. Il a attendu toute la journée cet instant, car il se sent plus fort avec la nuit. Pour passer le temps, il a joué avec le corps de [...]. Les ombres aussi. Elles ont rongé la tête, comme une friandise. A présent, les chairs de [...] se décomposent sous ses doigts, quand il enfonce son index entre ses côtes. Il sent la viande souple, presque liquide à certains endroits, délicieusement froide."

Un mélange de genre époustouflant, thriller gothique et fantastique, mêlant mythe et réalité, le tout mâtiné d'une belle couche d'horreur. Un chef d'oeuvre du genre.

Après l'enfant des cimetières, il est probable que vous ne regarderez plus les gens dans les yeux... de la même manière.

"On ne peut rien contre ce genre de cauchemars. Rien du tout. C'est lui qui me les envoie. Je le sais. C'est lui qui entre en moi. Je ne peux lutter contre ça. Personne ne peut lutter contre lui. Personne."

Spot radio :

Sire Cédric sur L'enfant des cimetières :