Les errants, Tome 1 : Origines.
Auteur : Denis Labbé
Editeur : Editions du chat noir, collection Cheshire
Parution : Septembre 2013
Pages : 286
RESUME :
Que faire quand on est une adolescente et que le monde s'écroule autour de soi ?
C'est la question qui se pose à Marion, seize ans, que rien ne préparait à une telle catastrophe. Lors d'un voyage scolaire au camp de travail du Struthof, certains de ses camarades et de ses professeurs sont frappés par un mal étrange.
Alors que l'épidémie se répand, elle essaie d'y échapper, en compagnie d'un groupe d'amis rescapés. Mais sans l'aide d'adultes, la tâche va s'avérer délicate et la vie en communauté pas si aisée que cela.
CHRONIQUE :
Bienvenue au cœur des Vosges, où plusieurs classes de Première sont parties visiter le Centre Européen du Résistant Déporté, afin d'illustrer leurs cours sur la Seconde Guerre Mondiale.
Sauf que lorsque ce roman commence, c'est Marion, Première L de 16 ans, qui s'adresse à nous, et visiblement, la sortie éducative n'a pas été aussi banale que prévu… Elle nous annonce d'emblée la joie qui est sienne si nous arrivons à lire ces lignes. Car en effet, cela veut dire que nous avons, nous aussi, survécu… Quant à elle, elle a couché ses souvenirs sur papier pour nous conter comment tout a commencé…
Après un début tranquille nous permettant de connaître les lieux et personnages, le rythme ne s'éteint jamais, et c'est une véritable course que vont vivre nos ados, deux jours qui leur paraîtront une éternité. Denis Labbé a l'écriture franche, actuelle et dynamique. Empreint d'un humour caustique, on ne peut s'empêcher de sourire régulièrement malgré l'horreur de la situation.
« Je ne sais pas s'ils ont des cours pour paraître abrutis dans l'armée, mais parmi ceux que nous avions rencontrés depuis le début de l'après-midi, nous avions eu affaire à une belle brochette de gens abominables ou simplement indifférents. Ce qui était pire. Si on ne m'avait pas confisqué mon portable, j'aurais appelé mon père afin de lui demander ce qui rendait ses semblables aussi cons. »
Les souvenirs de Marion… qui commencent avant le début de l'épidémie. Nous voilà donc à visiter le centre de Struthof avec elle et ses camarades de classe. On en profite pour prendre une petite leçon d'histoire, qui nous rappelle au passage, que les horreurs ne se trouvent pas que dans les livres de zombies. De plus, Denis Labbé nous décrit avec beaucoup de perspicacité le monde Lycéen d'aujourd'hui, entre Facebook, Téléphones, Profs qu'on aime et ceux qui sont complètement barges (étant lui-même professeur, on ne peut qu'admettre qu'il sait de quoi il parle, et la rencontre avec Madame Fuller, professeur d'Histoire, ne manque pas d'humour et de piquant, et me rappelle au passage quelques souvenirs...). Mais d'un coup les événements vont basculer, le chaos arriver, les gens mourir, les zombies naître. Un groupe d'ados comprenant Marion essaiera alors de survivre à cette catastrophe. De fuir devant le virus.
Le petit Bémol de ce livre, autant le livrer tout de suite, est pour moi la présence de certains passages un peu trop longs et moralisateurs. J'apprécie qu'on profite de passer des messages dans un roman, mais ceux-ci sont parfois un peu trop appuyés, ce qui rend à certains moments l'écriture un peu lourde et redondante. Mais qu'à cela ne tienne, ces petites morales ne sont présentes qu'au début, de toute manière, après, plus le temps de réfléchir les amis : il faut survivre.
Les personnages et leurs caractères… Ici pas de Wonderwoman. Courageuse mais pas téméraire, Marion ne demande qu'à se carapater lorsque la peur lui étreint le ventre. Vous rencontrerez aussi Steve, caïd de service qui vous « emprunte » une voiture en moins de deux, ou Jean-Michel et Thibaut qui se chargeront de donner du piment (et des sueurs froides !!) au groupe. Mais aussi de les protéger. Jean-Mich'… Sociopathe en herbe, sa passion démesurée pour les armes et le paintball sera utile plus d'une fois…. Bref nos deux No Life se croient un peu dans un jeu vidéo… jusqu'à ce que la réalité les rattrape. Quant aux autres, beaucoup plus mesurés, je vous laisse les découvrir. Les personnages sont un point très fort de ce roman : crédibles, aux réactions de survie et non de héros, qui sont soudés mais qui se chamaillent comme tous les ados. Une belle réussite !
Bref une ambiance particulière grâce à des ados ordinaires vivant des choses… pas vraiment ordinaires. Ici pas d'officier de l'armée suréquipé ou de père de famille se transformant en héros pour sauver son fils. Ici juste des ados normaux. Des ados qui veulent revoir leurs parents. Des ados qui doivent affronter des zombies pour survivre…
Dans ce roman, le tour de force est de pouvoir allier les mots « zombie » et crédibilité » grâce à un scénario réfléchi, ainsi qu'un auteur extrêmement bien documenté… Du coup, lorsque l'horreur arrive, elle est encore plus angoissante puisque comparée à une vie normale, à notre vie.
Autre point majeur : les amateurs d'action ne seront pas en reste, car après une première partie plutôt immersive et calme, l'action se pointe à l'heure au rendez-vous avec son lot de cauchemars et de carnages. L'histoire est ici racontée avec une telle prouesse, que votre imagination se créée son propre « The Walking Dead ».
Quant à la fin du livre, elle est ce qu'on pourrait appeler le début de la fin… Alors Monsieur l'auteur, faites le plein de caféine, qu'on puisse lire la suite sans trop attendre !
Note : en début de livre, on trouve un plan du Struthof, le lieu où tout a commencé. Ce lieu, réel, et sa carte, permettent de mieux comprendre la première partie du livre.
J'ai aussi apprécié les extraits de paroles de chansons en début de chaque chapitre avec des références telles que Within Temptation, Kreator, Testament, Kiss, Kamelot…