Les Lames du Cardinal, tome 1.
Auteur : Pierre Pevel
Editeur : Editions Folio SF
Parution : Janvier 2013
Pages : 400
RESUME :
CHRONIQUE :
(28 Septembre 2016)
Voici un roman de cape et d'épée qui ravira tous les amateurs du genre. "Les lames du Cardinal", c'est un peu la rencontre originale et enrichissante entre Alexandre Dumas et le genre de la Fantasy.
A noter tout de même que le côté Fantasy est peu développé. Nous sommes dans un univers qui est le nôtre, à l'époque du roi Louis XIII (celle de d'Artagnan quoi), et la seule référence à la Fantasy est la présence de dragons. Dragons ancestraux, Dracs ayant forme humaine ou dragonnets faisant office d'animaux de compagnie, il y en a en revanche pour tous les goûts.
Donc, même ceux que la Fantasy rebute, ne passez pas à côté de ce livre...
Personnellement, j'aime beaucoup cette époque de l'histoire comme toile de fond des romans, et "Les trois mousquetaires" est un livre cher à mon coeur, tout comme son auteur dont j'admire le talent. Et je fus agréablement surprise de retrouver ici le même style d'écriture, mais aussi d'ambiance et d'intrigue...
Alors ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas ici d'un vulgaire plagiat des trois mousquetaires, où l'auteur se serait contenté de nous balancer deux trois dragons. Non non non. Même si vous retrouvez Monsieur de Treville, son rôle n'est que purement anecdotique, un clin d'œil au chef d'œuvre de Dumas peut-être.
En revanche, vous allez retrouver des personnages hauts en couleur, aux personnalités tranchées et addictives, comme savait nous les concocter Dumas. De fines lames, mais humaines, avec leur qualités et leurs défauts, mais une bonne dose d'humour et de panache.
"- Qu'avez-vous fait, au cours de ces cinq années ?
Peut-être dans l'intention de détourner l'attention de Marciac de la porte, Almadès fit l'effort de répondre.
- J'ai pratiqué mon métier. A Madrid d'abord. A Paris ensuite.
- Ah.
- Et vous ?
- Idem.
- Car vous avez un métier.
- Euh... En fait, non, reconnut le Gascon.
Mais il ajouta aussitôt :
- Ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas été très occupé !
- Je n'en doute pas.
- J'ai une maîtresse. Cela occupe beaucoup, une maîtresse. Elle se nomme Gabrielle. Je vous la présenterai dès qu'elle aura cessé de me détester. Très belle, néanmoins ."
Quant à l'intrigue, aucun rapport avec celle des trois mousquetaires, mais je retrouve ce même style d'ambiance propre aux bons romans du genre. Beaucoup de faux semblants, d'alliances et de complots, de double jeux, bref, toutes ces choses qui semblaient rythmer le quotidien des cours des rois de jadis.
Du côté de la plume, je fus simplement subjuguée. On dirait l'auteur contemporain d'Alexandre Dumas, pourtant les deux lascars n'ont pas tout à fait le même âge lol !!! Mais la plume est travaillée, élégante, subjuguante même, sans jamais une once de lourdeur. Elle nous permet d'être plongés dès les premières pages dans l'époque et l'ambiance voulues. Chapeau bas.
Et non seulement le style d'écriture est là, mais en plus, les connaissances suivent ! On a l'impression (justifiée je pense) que Pierre Pevel connaît cette époque sur le bout des doigts. Il vous décrit les rues, les gens, les mœurs avec un tel réalisme, une telle justesse... Aucun détail n'est laissé de côté, jusqu'à l'économie des chandelles dans les maisons, la façon dont les rues étaient nettoyées etc. Bref, Pierre Pevel nous apporte un récit extrêmement documenté, qui, en plus de me divertir et de me captiver, a su aussi m'enseigner beaucoup sur une époque foisonnante.
Bon, vous pourriez me dire qu'au vu de mes propos, il doit y avoir quelques longueurs. Eh bien... je n'ai pas trouvé. Certes ce n'est pas un roman qui vit à 100 à l'heure du début à la fin, un page-turner sitôt commencé sitôt terminé . Non, car sa richesse est telle que nous prenons le temps de nous imprégner de chaque action, chaque complot, chaque personnage, chaque lieu. Ce roman se savoure, cette histoire se chérit.
"- Vous n'êtes pas de ceux qui reculent devant le devoir, et le royaume, bientôt, aura trop besoin d'un homme tel que vous. J'entends par là un homme capable de réunir et de commander de fines lames loyales et courageuses, habiles à agir promptement et dans le secret, et enfin qui tuent sans remords et meurent sans regret pour le service du roi. Allons, capitaine, porteriez-vous toujours cette chevalière si vous n'étiez plus celui que je crois ?"
Et puis, vous retrouverez ici pléthore de personnages (Les Lames du Cardinal sont entre 5 et 10, je ne vous donnerai pas le nombre exact pour éviter tout spoil), et, elles mises à part, vous prendrez le temps de faire aussi la connaissance de leurs ennemis.
Bref, Pierre Pevel utilise quasiment la moitié de son roman pour mettre son intrigue en place, pour présenter chaque protagoniste, sa vie, son passé, son âme. Pour vous permettre de connaître son monde et ses complots. Pour vous amener à faire la connaissance desdits comploteurs et des dragons. Mais tout cela ne se fait pas dans un ennui mortel ! Non non, tout se fait au travers d'actions, de surprises et de rebondissements. Un régal. Seul petit bémol à noter : au début, je me perdais un peu dans cette foule de personnages, puis j'ai vite appris à tous les différencier, et les pièces du puzzle se sont imbriquées les unes dans les autres. L'auteur utilise pour cela la troisième personne et change souvent de protagoniste à suivre, ce qui rajoute au dynamisme du roman.
A noter que le cardinal de Richelieu est bien présent et a l'art de vous faire de ces twists, les amis... dont vous me direz des nouvelles ! Quel bonheur et quel talent ! Et j'ai adoré avoir les explications et les réponses à chacune de mes questions sur la fin. Et en parlant d'elle.... Mais quelle fin !!!
En résumé, "Les lames du Cardinal" est un magnifique roman de cape et d'épée, qui allie avec brio historique et Fantasy. Une petite perle qui ravira tous les amateurs des genres, et plus encore ! Il faut toutefois garder à l'esprit que les aspects aventure et histoire prônent sur le côté Fantasy, au risque d'être déçu. Mais personnellement je me suis régalée et j'ai hâte de découvrir la suite et surtout de retrouver tous ces personnages hors du commun, que l'on diraient tout droit sortis de l'esprit du grand Alexandre Dumas. A lire, donc !
"- J'ai une vie, désormais, capitaine.
- Une vie qui te plaît ?
Ils échangèrent un long regard.
- Qui me plaît assez.
- Et qui te mène où ?
- Toutes les vies mènent au cimetière, capitaine. Il n'importe que de rendre le chemin agréable."