Les Larmes Rouges, Tome 1.1 : Réminiscences.

Auteur : Géorgia Caldera
Editeur : editions du Chat Noir pour le Grand Format, J'ai Lu pour le poche (couverture)
Parution : Mars 2015 pour la présente éditions (tomaisons coupées)
Pages : 384
RESUME :
« Le temps n'est rien…
Il est des histoires qui traversent les siècles… »
Après une tentative désespérée pour en finir avec la vie, Cornélia, 19 ans, plus fragile que jamais, est assaillie de visions et de cauchemars de plus en plus prenants et angoissants.
Elle se retrouve alors plongée dans un univers sombre et déroutant, où le songe se confond à s'y méprendre avec la réalité.
Peu à peu, elle perd pied…
Mais, la raison l'a-t-elle vraiment quittée ? Ces phénomènes étranges ne pourraient-ils pas avoir un lien quelconque avec l'arrivée de ce mystérieux personnage dans sa vie ? Cet homme qui, pourtant, prétend l'avoir sauvée, mais dont le comportement est si singulier qu'il en devient suspect… Et pourquoi diable ce regard, à l'éclat sans pareil, la terrorise-t-il autant qu'il la subjugue ?!
CHRONIQUE :
(12 Octobre 2015)
"Les Larmes Rouges" est en tout premier lieu sorti aux Editions du Chat Noir. Il s'agissait si je ne me trompe pas, du premier roman édité par cette maison mais aussi de la première publication de l'auteur. Depuis, la trilogie a été publiée en semi-poche chez J'ai Lu. Chaque tome était un pavé de d'environ 700 pages, et J'ai Lu a décidé de réédité l'histoire en découpant les tomaisons. En mars 2015 est donc paru le tome 1.1 au format poche et la série ainsi redécoupée comptera 6 tomes. Ayant une crainte non fondée des pavés (je retarde leur lecture mais une fois plongée dedans je les dévore comme les autres), j'ai troqué mon semi-poche contre le tome 1.1 qui me faisait moins peur avec ses 384 pages. Et la lecture de ce tome me confirma ma stupidité : je fus tellement happée par l'histoire que les 760 pages ne m'auraient pas ralentie. A noter pour les amateurs que les Editions du Chat Noir ont sorti une version grand format collector, magnifique, et dont les deux tomes suivants devraient arriver dans les mois à venir.
Les Larmes Rouges est un livre sincèrement épatant par son ambiance gothique et ses personnages. L'ambiance sombre mais captivante nous est présentée dès les premières pages et ne nous lâchera pas avant la fin. En ce qui concerne l'intrigue, je pense que le résumé vous donne peu d'éléments certes, mais qu'il serait dommage de vous en donner plus ! Il vous suffira juste de savoir qu'ici, l'on parle vampires.
Les vampires rencontrés ne sont pas, comme déjà mentionné par d'autres, sans rappeler ceux créés par Anne Rice. Bien qu'ayant des personnalités et une histoire bien à eux, on retrouve le mythe du vampire comme étant une créature belle à damner un saint, empreint d'une malédiction qu'ils supportent plus ou moins. Les personnages sont charismatiques et les personnalités diverses. Certains seront calculateurs, cruels et sans pitié, d'autres seront plus humains que nous. Ce mythe est formidablement exploité et nous sommes plongés à corps perdu dans un monde sombre, mâtiné d'une mélancolie certaine. L'ambiance est tellement réussie que j'avais du mal à lâcher mon livre pour retourner à la réalité.
"Personne... Seule... Ces mots résonnaient dans sa tête comme une litanie imposée malgré elle à son esprit. Où qu'elle se tournât, où qu'elle regarda, le tableau était noir, saturé, sans salut, sans futur..."
Les personnages sont tous travaillés avec brio, mais je ne m'arrêterai que sur les deux principaux : Henri et Cornelia.
Henri est un personnage énigmatique mais empli de charme, qui n'a de cesse de nous surprendre et nous toucher au fil des pages. C'est une personne dont le vécu et la personnalité font de lui un être à part, extrêmement compréhensif et attachant. Empreint d'une grande intelligence, il a la plupart du temps des réactions sensées. Et même lorsqu'il s'emporte ou se montre sarcastique, on ne peut que comprendre ou pardonner ses réactions. Henri est un aristocrate aux manières polies, une personne posée et calme, cachant sa douleur derrière une apparente froideur.
Et puis il y a Cornelia. Alors il est sûr que la jeune fille n'incarne pas la joie de vivre. Comme mentionné dans le résumé, nous faisons sa connaissance alors qu'elle tente de mettre fin à ses jours. Tentative manquée comme le prouve l'existence de ce roman. Cornelia est une jeune femme seule, torturée, poussée à bout par la vie. Sa mère est décédée, son père envahi par son travail. Cornelia se retrouve alors esseulée, perdue, jusqu'à ce qu'elle craque. Après cet épisode douloureux, son père fera tout pour être plus présent, et ils commenceront par déménager à la campagne, dans le manoir familial, dans le voisinage d'Henri de Maltombes. Peu à peu, Cornelia reprendra goût à la vie, jusqu'à ce que d'étranges rêves viennent perturber son sommeil, s'immisçant peu à peu dans son quotidien.
Cornelia est une jeune femme de 19 ans, dont la confiance en elle n'est pas la principale qualité. Bien qu'agréable la plupart du temps, il lui arrive de réagir en enfant gâtée, et devient alors une véritable tête à claques. Son comportement capricieux pouvait parfois m'excéder. Ceci étant, ces quelques réactions puériles nous permettent de nous rendre compte encore plus du caractère fascinant d'Henri, qui saura toujours faire face aux sautes d'humeur de sa jeune voisine.
Somme toute, ces deux personnages sont réellement attendrissants et leurs interactions sont empreintes de magie.
Le livre est écrit de façon à nous faire part aussi bien de la réalité présente que des songes de Cornelia, qui nous emmènent dans un lointain passé. Cette alternance est très agréable et contribue fortement à l'ambiance poétique et gothique de ce livre.
La plume de l'auteur n'a pas volé sa réputation de poétique... Ainsi, les mots et les tournures de phrases sont élégantes, malgré une certaine maladresse, qui s'est estompée au fil des pages. Je ne sais si c'est l'écriture qui s'est faite plus confiante ou moi qui me suis habituée, mais je fus réellement envoûtée par cette plume et l'univers qu'elle m'a dépeint. J'ai ressenti une certaine mélancolie à devoir refermer ce premier tome et je pense que j'aurais continué la suite dans la foulée si je l'avais eu sous la main.
A noter tout de même quelques longueurs en début de roman, qui s'amenuisent lorsque Cornelia commence à faire ses étranges rêves. Il faut tout de même une centaine de pages pour mettre l'histoire en place, qui de toute manière n'est pas un concentré d'action explosive mais l'histoire d'une étrange rencontre entre une jeune fille tourmentée et des vampires. Nous nous posons beaucoup de questions au fur et à mesure que le récit avance, aussi bien sur Cornelia et Henri que sur ces étranges songes, parfois effrayants, toujours magiques. J'avoue avoir eu un petit coup de foudre pour certains de ces rêves, qui présentaient des situations horribles, et j'aimais l'ambiance d'insécurité, sombre et anxiogène, qui s'en dégageait, ainsi que les descriptions dignes de films d'horreur :
"Il se mit subitement à hurler de douleur et tout son corps se tordit horriblement, de manière irréelle, irrationnelle. Soudain, un flot ahurissant de sang se mit à s'écouler de sa bouche, des ses narines et de ses orbites vides, puis de sous ses ongles, son cuir chevelu, de sous sa chemise et de tous les pores de sa peau, répandant au sol une quantité effarante d'hémoglobine. La chair du jeune homme semblait fondre comme neige au soleil, se désagréger, comme s'il avait été exposé à un puissant acide."
Dans tous les cas, c'est avec beaucoup de plaisir que l'on partage le questionnement de Cornelia et sa quête de réponses, que l'on apprend à faire la connaissance d'Henri et que l'on suit l'évolution du lien entre les deux personnages, dans le présent et les rêves. Sincèrement, je ne savais pas où l'auteur m'emmenait et je me suis laissé porter avec un réel plaisir. Vers les trois quarts du livre, Georgia Caldera nous offre quelques révélations auxquelles je ne m'attendais pas du tout et je fus enchantée par la tournure prise par les événements.
Envoûtant. C'est le mot qui pour moi définit le mieux cette histoire aux accents gothiques marqués. On y retrouve la poésie mélancolique propre à cet univers et des vampires ensorcelants à la Anne Rice. Un livre à part, proche du coup de cœur.