Les soeurs Charbrey, tome 1 : Sans Orgueil ni Préjugé
Auteur : Cassandra O'Donnell
Editeur : Editions J'ai Lu pour Elle
Parution : Mars 2013
Pages : 256
RESUME :
CHRONIQUE :
(12 juin 2016)
Et voilà encore une lecture qui m'a sortie de ma zone de confort habituelle. Mais j'avais apprécié ce fait dans "Orgueil et préjugés" et j'adore Cassandra O'Donnell (dans Rebecca Kean). C'était donc l'occasion pour moi de continuer mon test "arriveras-tu à aimer la romance historique".
Je trouvais donc ce premier tome des "soeurs Charbrey" parfait pour continuer mes expérimentations livresques. Une auteur que j'adore et un roman relativement court avec un synopsis qui me tentait (j'aime les héroïnes casse-pieds, que voulez-vous).
Eh bien, une fois encore, je ressors contente de ma lecture. Je l'ai lu rapidement, et elle m'a grandement vidé la tête. Bref, elle a rempli le rôle que j'attendais d'elle. Alors certes, la romance historique (la romance tout court en fait) ne sera jamais mon genre de prédilection ni une grande passion, mais je me dis qu'une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal de sortir de mes mondes imaginaires chéris.
Dans ce roman, nous rencontrons les soeurs Charbrey, orphelines, et vivant avec leur oncle. Famille richissime, l'ainée (23 ans) se fait passer pour gravement malade afin de ne pas être obligée de supporter les mondanités et la recherche d'un mari. Morgana aime la science et compte bien s'y adonner sans qu'un mari ne la contraigne à tenir le rôle des femmes de l'époque : de belles pimbêches sans cervelle dont l'opinion restera toujours sans valeur (purée que ce devait être sympa......).
Pourtant, lorsque sa soeur Rosalie (18 ans je crois) va faire son entrée dans le monde, Morgana va se décider à sortir de sa tanière, afin de servir de chapreon à sa charmante soeur. C'est ainsi qu'elle fera la connaissance, pour son plus grand malheur, de l'impétueux Comte Greenwald.
"- [...] De grands écrivains et reconnus comme tels sont des femmes, lord Greenwald, et au risque de vous paraître terriblement incongrue je vous rappelle que la nature nous a dotées de cervelle et qu'il nous arrive d'avoir l'extravagance de nous en servir.
- Certes, mais si rarement... ricana-t-il pour la provoquer."
J'ai beaucoup aimé cette lecture grâce à ses personnages, même si j'ai trouvé certaines situations un peu trop rapides à mon goût. Clairement, j'aurais aimé que Morgana et Greenwald se cherchent un peu plus longtemps, ou du moins, que l'on y attache plus de temps et d'importance plutôt que de nous résumer la situation par un "Cela faisait 15 jours que le comte visitait Morgana quotidiennement". Oui, mais justement, c'était ça qui était intéressant aussi ! Toutes ces incessantes joutes verbales que j'imagine aisément, ces regards désaprobateurs qui s'attendrissent peu à peu. Mais bon, à part ce petit côté trop rapide à un moment (alors même que c'est moi qui voulait un roman court, cherchez l'erreur), j'ai vraiment accroché.
Commençons par parler de Morgana. Elle est juste délicieusement non conventionnelle. Niveau défaut, je reproche à son perosnnage d'imposer aux autres ce qu'elle ne veut pas s'imposer à soi-même. elle oblige sa famille à mentir pour ne pas avoir à faire son entrée dans le monde, mais impose à sa soeur de la faire, allant même jusqu'à décider du futur logement de cette dernière. Je trouve ce comportement soit peu crédible, soit profondément égoïste. Cette manière de vouloir décider à la place des autres ce qui est bon pour eux, même si elle est persuadée de bien faire... Grr, horripilant. Mais je vous laisse découvrir l'histoire de Morgana, qui explique (mais ne pardonne pas) ce côté directeur et culotté.
A côté de ça, Morgana est juste excellente. Très intelligente, c'est une femme d'affaires qui gère sa fortune (improbable pour l'époque) et ne compte pas laisser un quelconque mari le faire à sa place. Elle a une répartie de dingue et n'hésite pas à calmer les gens de par sa verve. J'ai notamment adoré le duo qu'elle forme avec sa tante, Lady Carrington.
"- Morgana ? Morgana ?
Elle sursauta puis se tourna vers son oncle, visiblement contrariée :
- Oui ?
- Tu as promis à Mme Wilks d'être à l'heure pour diner.
- J'ai dit cela moi ?
- Absolument.
Elle soupira.
- Oh ce que cette gouvernante peut être pénible parfois !
- C'est aussi ce qu'elle dit à ton sujet, lui fit remarquer en souriant Lord Charbrey. Elle demande également que tu te présentes au diner non armée."
Lady Carrington est une jeune veuve qui aime à se faire passer pour folle et excentrique. Tout comme Morgana, elle ne répond pas aux critères de l'époque et est pour le moins peu conventionnelle. La complicité qui existe entre les deux femmes est à la fois touchante et fortement amsante, grâce à des dialogues totalment décalés et hilarants, sans filtre.
Ensuite, il y a bien évidemment le Comte de Greenwald. Alors lui, je ne sais pas si j'ai envie de bien l'aimer ou de le claquer. Les deux à la fois je suppose. Il a un côté touchant, mais qu'il cache soigneusement sous une très grosse couche de sarcasme et de goujaterie. Mais avouons que c'est un mufle qui gagne à être connu. Juste que, encore une fois, j'aurais aimé que la relation naissante entre Morgana et lui soit plus exploitée et se fasse plus en douceur.
" Malcolm se tourna ensuite vers Morgana.
- Ma chère, il ne sera pas dit que vous quitterez cette ville sans en avoir goûté toutes les joies et les divertissements.
La jeune fille esquissa un sourire condescendant.
- Je connais fort bien Londres, Milord, et ne vous en déplaise, je n'ai nul besoin d'un guide.
- D'un guide ? Non. Voyez-moi plutôt comme un chevalier servant...
Une bouffée d'indignation submergea Morgana.
- Il n'en est pas question, s'insurgea-t-elle.
Il afficha aussitôt un sourire joyeux.
- Vous m'avez manqué ma chère...
- Comment ? fit-elle en écarquillant les yeux.
- Vous m'avez manqué, et moi, je ne vous ai pas manqué ?
- Pas le moins du monde, rétorqua-t-elle d'un ton outré.
- Voilà qui sent fortement le mensonge ! fit-il sans se soucier ni de la présence de Lady Carrington ni de celle des autres invités."
Le dernier personnage à mentionner est bien sûr la jeune soeur Rosalie, qui, contrairement à sa soeur, colle parfaitement aux jeunes filles de bonne famille de l'époque. Elevée par Morgana, cette dernière négligeant sa propre éduction des convenances, a fait en sorte que ses trois plus jeunes soeurs deviennent de véritables Ladies. De fait, Rosalie est douce, aimable et d'une patience à toute épreuve.
En somme, cette romance, malgré ses petits défauts, a su me charmer, et j'aime toujours autant me plonger dans cette époque victorienne, dont les convenances et les apparences font un superbe décor aux histoires. Cette petite remontée dans le passé est on ne peut plus agréable.
Une très bonne lecture, dont je lirai la suite avec plaisir !