L'Etrange voyage de Théo Gossein, Livre 1 : Hospitalia.

Auteur : Malric
Editeur : Editions Underground

Parution : Août 2016
Pages : 84


RESUME :

Théo Gossein est un artiste malade dont le traitement lui bloque toute créativité. Il vit reclus dans son atelier sans jamais voir personne ; il n’est plus capable de poser une seule couleur sur une toile. Son monde l’oppresse, le terrifie. Alors, comme dans un dernier sursaut salvateur, il décide d’arrêter ses pilules et de sortir de chez lui.
C’est le début d’une aventure qui va le mener bien au-delà de son imagination.
Dans ce premier tome, Théo nous livre son carnet de voyage : sa route vers Hospitalia.
Et comme dit Théo « Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer ».

CHRONIQUE :

(30 Août 2016)


Bien bien... Il est exactement 2h47 du matin, je bosse demain mais... je viens  de terminer Théo Gossein. J'ai bien essayé de dormir, mais ma lecture se baladait tellement dans ma tête que j'ai DÛ attraper ma tablette pour écrire de suite mes impressions. 

"L'étrange voyage de Théo Gossein" est le premier roman graphique des éditions Underground. Je l'avais pré-commandé, sans vraiment savoir de quoi cela parlait, sans connaître l'auteur, juste parce que j'ai confiance dans cette maison d'éditions. Si vous la connaissez, vous me comprenez. Si vous ne la connaissez pas, que vous dire... Essayez ! Les textes sont originaux et de qualité, et cerise sur le gâteau, ils prêtent un soin tout particulier à la mise en page. Tous leurs livres font preuve d'un travail visuel fantastique, aussi bien pour les couvertures que l'intérieur. Donc autant vous dire que lorsque j'ai vu qu'ils sortaient un roman graphique... Je ne me suis même pas posé de questions. 

Je sais que certains d'entre vous se disent (et disent puisque je l'ai lu), que cela leur paraît cher de payer 17,90€ pour 79 pages. Oui mais (parce qu'il y a toujours un mais, surtout avec mon esprit contrariant) ce sont 79 pages A4 d'illustrations, ce qui représente un travail monstrueux, et un temps de lecture très respectable si vous prenez le temps de poser les yeux sur tous les détails. 

Bon, je ne vais pas m'attarder sur l'histoire, la quatrième de couverture vous dit juste ce qu'il faut. Pas besoin de m'épancher sur les détails, ce serait au détriment de votre découverte.

Mais parlons de Théo, notre compagnon de voyage. Théo est comment dire... frapadingue. Oui je crois que c'est le mot qui convient. Bon, il faut dire qu'il ne prend plus ses médicaments, ceci expliquant certainement cela, mais honnêtement, il est tellement magique !

"Je m'appelle Théo Gossein... Attention, pas Théodore ni Théophile...
Théo, tout court. C'est simple, efficace, percutant, il ne faut pas essayer d'ajouter un truc au bout, c'est peine perdue.
Imaginez un nom comme Néo. Néodore ou Néophile, ça ne marcherait pas.
Eh bien pour Théo c'est rigoureusement la même chose. Je préfère donner cette précision. Cela nous permet de démarrer du bon pied, sans ambiguïté d'aucune sorte. J'aime les choses claires."


Ce personnage est totalement attachant. Son brin de folie est joyeux, un peu naïf, empreint de créativité et de poésie. Théo est certes décalé, mais mon dieu qu'est ce qu'il m'a fait rire ! Donc disons-le : le texte est d'une réelle qualité. Poétique, inventif, original et extrêmement bien écrit, dans un univers steampunk mâtiné d'une touche de fantastique. Je tiens à souligner cette qualité car ce n'est pas toujours le cas dans les romans graphiques. J'ai parfois le sentiment que l'on appose un texte uniquement parce qu'il FALLAIT accompagner l'illustration. Alors qu'ici, les mots et les couleurs se côtoient dans une harmonie parfaite, plongés dans l'onirisme qui visiblement est la signature de l'auteur. Car oui, c'est la même personne qui se cache derrière le crayon et la plume. Je lui en ai même demandé la confirmation, tellement j'étais étonnée de voir une si grande qualité réunie sur ces deux plans : "Effectivement j'ai réalisé l'ensemble du livre, dessins, toiles, textes, coupures de journaux, mise en page, graphisme... Parfois j'utilise une photo que je redessine [...]".

Ce fameux auteur, donc, nous emmène avec onirisme dans un monde étrange, magique, merveilleux, sur des chemins que nous n'avons pas envie de quitter. Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y aura une suite.

"Recette de l'angoisse :
Arriver à pied dans un lieu inconnu entre chien et loup sans savoir où vous allez dormir.
Prérequis : être enclin à imaginer en chaque ombre une menace. Laisser macérer jusqu'à la nuit tombée.
Résultat garanti."


D'un point de vue graphique, ce livre est un véritable délice pour les yeux. Déjà, commençons par parler de l'extérieur. Les éditions Underground ont choisi un toucher velouté, tout doux, pour accompagner agréablement cette couverture somptueuse. Au passage, l'ambiance qui y figure est en totale adéquation avec la lecture.

Et une fois ouvert, c'est une explosion de beauté. À chaque coin de page, une myriade de détails demande notre attention et c'est un véritable plaisir que de prendre le temps de décortiquer chaque dessin. Et quels dessins ! Nous sommes bien loin de l'esquisse ou de la photo retouchée... Chaque trait est précis, avec un style si particulier qu'il est à la fois hyper réaliste et hyper onirique. Étrange voire antinomique, je sais, mais c'est l'impression que j'en ai. Certaines illustrations sont si pointues que j'avais un doute sur le fait qu'elles soient dessins ou photos ! Et d'autres sont si douces que l'on est immédiatement transportés dans un songe.

Le traitement des couleurs est lui aussi superbe. Il y a toujours une couleur dominante (la couverture en est un parfait exemple), à tel point que certaines pages sont bichromatiques voire monochromatiques. Et cela est très personnel, mais je suis vraiment sensible à cette façon de coloriser. Aucune impression de brouillon, les couleurs sont toujours douces et agréables pour les yeux.

Et lorsque vous lisez, forcément, vous associez le texte aux illustrations. Et c'est là que la magie opère plus que jamais. Un délice je vous disais.

Une aventure qui mêle beauté, onirisme et humour.

Un chef d'œuvre, tout simplement.
 

Photos :

Quelques photos personnelles des illustrations :