Meg Corbyn, Tome 1 : Lettres Ecarlates.

Auteur : Anne Bishop
Editeur : Milady
Parution : Octobre 2014
Pages : 648


RESUME :

Meg Corbyn est une Cassandra Sangue, une prophétesse du sang, capable de prédire l’avenir lorsqu’elle s’incise la peau. Une malédiction qui lui a valu d’être traitée comme de la viande par des hommes sans scrupules prêts à la taillader pour s’enrichir. Mais aussi un don qui lui a permis de s’échapper et l’incite à chercher refuge chez les Autres. Là où les lois humaines ne s’appliquent pas. Même si elle sait, grâce à cette vision, que Simon Wolfgard causera également sa perte. Car si le chef des loups est d’abord intrigué par cette humaine intrépide, peu de choses la séparent d’une simple proie à ses yeux…


CHRONIQUE :

(04 Octobre 2017)


« Meg Corbyn » est resté trop longtemps dans ma PAL à cause d’une seule raison : son format pavé fort de ses 650 pages.

Pourtant, comme d’habitude avec les gros romans qui me plaisent : ma lecture fut rapide. En réalité, j’ai tellement été happée par l’univers d’Anne Bishop que j’ai lu deux nuits d’affilée jusqu’à plus de 3 heures du matin…

Avec Meg Corbyn souffle un vent de nouveauté sur le monde de la Bit-Lit et ouaouh, que ça fait du bien !

Déjà, cette Urban-Fantasy a cela de particulier qu’elle présente une pointe de Fantasy. En effet, même si nous suivons certains codes de l’Urban, avec notamment une héroïne qui se retrouve dans un monde peuplé de créatures surnaturelles avec lesquelles elle doit composer, le tout en milieu urbain, Anne Bishop casse ces codes en nous présentant… un nouveau monde. Oh, il a nombre de similitudes avec le nôtre, mais la Terre s’appelle Namid, les jours de la semaine portent d’autres noms, et pleins d’autres détails comme ceux-ci nous propulsent au cœur même de l’univers. Même l’histoire de Namid a été pensée, et en début de roman, avant le premier chapitre, l’auteur nous présente justement cette histoire, et notamment l’évolution de la cohabitation plus ou moins forcée entre les humains et les Terra Indigene, appelés aussi les Autres. Tout est savamment décrit et l’auteur nous offre même une carte de la ville où se déroulent les événements.

Alors, pas de crainte pour ceux qui sont allergiques à la Fantasy, Namid ressemble fortement à notre terre, et la ville de Lakeside, toile de tous les événements, ressemble à une classique ville américaine. Enfin… à la différence que Lakeside possède un immense espace réservé aux Autres, appelé l’Enclos et que la ville appartient ni plus ni moins à ces Autres, qui sont donc bailleurs. Mais la création d’un nouveau monde est une manière habile et originale pour l’auteur de nous expliquer la présence de créatures surnaturelles. Rien de compliqué : les Terra Indigene étaient là bien avant les humains.

Bon d’accord, mais de quoi ça parle Meg Corbyn alors ? Eh bien, nous allons rencontrer Meg, en fuite au début du roman, et qui vient trouver refuge au sein de l’enclos de Lakeside. Persuadée que nul humain ne viendra la chercher ici, le tout sera de savoir si elle est plus en sécurité parmi les Autres qu’à l’extérieur. Car pour eux, les humains, les singes comme ils nous appellent, ne sont ni plus ni moins que de la nourriture après tout…

« Il tâcha d’adopter un ton aimable afin qu’elle ne démissionne pas. Vlad détestait autant que lui les formalités administratives à accomplir au départ d’un employé, raison pour laquelle ils avaient tous les deux dû promettre qu’ils ne mangeraient pas ceux qui décidaient de les quitter simplement pour s’éviter la paperasse. Comme Tess l’avait souligné, consommer le personnel sapait le moral des humains et rendait d’autant plus difficile la recherche de nouveaux salariés. »

Mais Meg n’est pas exactement une humaine comme les autres. Premier point de différence (et qui a l’art de fortement agacer Simon, le chef de l’Enclos) : Meg ne porte pas l’odeur de proie caractéristique des humains. Et c’est ainsi que Simon et les Autres découvriront que Meg Corbyn n’est pas une simple humaine mais une cassandra sangue (je ne vous spoile rien, c’est écrit dans la quatrième de couverture).

Meg a du pain sur la planche, mais je vous laisse découvrir la plupart des éléments, puisqu’ils sont en relation avec sa nature particulière. Mais bon, le principal va rester pour elle de 1/ réussir à rester cachée des personnes qui sont à sa recherche, 2/ ne pas servir de quatre heures aux Autres… un programme bien chargé, semblerait-il.

Alors je pense que Meg Corbyn est ce genre d’univers « ça passe ou ça casse ». En effet, son côté innovant peut dérouter certains lecteurs, puisqu’il éloigne le récit des codes du genre. Ici, nous apprenons à connaître Meg et l’univers dans lequel elle évolue. Nous sommes dans une histoire très immersive, un brin contemplative, où les personnages, leur psychologie et leur évolution se taillent la part belle du gâteau. Le fait que l’univers soit décrit avec force précision peut faire apparaître quelques longueurs aux yeux de certains lecteurs. Pour ma part, j’étais tellement avide d’en découvrir toujours un peu plus que je n’ai pas ressenti la moindre lenteur.

Résultat ? Un tout totalement addictif et qui change. Peu d’action brute, pas de scènes de sexe et une héroïne qui ne ressemble pas aux habituelles héroïnes du genre.

En effet, Meg Corbyn a beaucoup à apprendre et ne se sent pas vraiment à l’aise dans sa nouvelle vie. Ce n’est pas une héroïne badass à la langue bien pendue, même si elle est loin de se laisser marcher sur les pieds et qu’elle est extrêmement intelligente. Mais ce qui rend Meg aussi attachante, c’est sa profonde bonté et son innocence. Et ce qui la rend drôle ? C’est toujours son innocence matinée d’une bonne couche d’ignorance, qui fait que Meg est à mourir de rire… mais bien malgré elle.

Meg Corbyn est un roman que l’on accroche pour son univers d’une richesse insoupçonnée et pour son atmosphère. Les Terra Indigene ont des natures diverses et variées, sachez seulement que vous retrouverez des métamorphes et des vampires. Mais là aussi, Anne Bishop s’en est approprié le folklore pour lui insuffler un vent de nouveauté et le rendre encore plus captivant. Les autres créatures, je vous laisse les découvrir. Mais même les métamorphes, qui m’apparaissent dans la plupart des livres comme étant peu intéressants parce que caricaturaux de la part bestiale de l’être humain, ont su véritablement me charmer. En effet, l’auteur fait d’eux des personnages complexes aux personnalités variées, mais certainement pas misogynes ! Quel bonheur ! Aussi, leur part animale transparaît souvent de manière franche sous leur forme humaine, et je pense que les plus drôles sont sans conteste les Corbeaux (qui ont du mal à rendre la monnaie parce que les pièces brillent, et qu’ils veulent donc les garder).

Mais il y a une chose à ne pas oublier : les Autres sont follement dangereux et les lois humaines ne s’appliquent pas à l’intérieur de l’Enclos. Bref, étant quelque peu caractériels, si l’envie leur prend de vous bouffer, rien n’est là pour les en empêcher. Et l’auteur manie ce fait à merveilles, faisant planer un sentiment de danger et d’insécurité permanent au-dessus de son récit.

Pour finir sur les personnages, je noterai que les personnalités de chacun sont travaillées, et les protagonistes secondaires ne sont pas laissés pour compte. Nous comprenons vite que les Autres n’ont pas la même façon de penser que les humains. Mais nous comprenons aussi que Meg se retrouvera elle aussi vite en marge, ne pensant ni comme un Autre, ni comme un humain. J’ai adoré le fait qu’Anne Bishop ait fait de Meg un personnage qui a beaucoup à apprendre, aussi bien des Autres que des humains… Sa plus grande force réside dans sa détermination et aussi dans sa générosité et son innocence. Une héroïne altruiste ? Certes, Mais fichtrement bien travaillée et crédible.

J’ai adoré suivre l’évolution des protagonistes et l’auteur ne précipite pas les choses.  Non ici, pas de folle romance qui s’installe en deux coups de cuillères à pot entre deux personnages que tout oppose. D’ailleurs, plus simplement, il n’y a pas de romance. Mais un apprivoisement mutuel, un gain de confiance, une relation d’amitié qui s’instaure peu à peu entre Meg et les Autres. Et les qualités indéniables de la jeune femme vont peu à peu faire évoluer les mentalités au sein de l’Enclos. C’est progressif, subtil et bien mené. Même si je ne peux enlever le rôle positif de deux flics, nouvellement promus bien malgré eux, comme intermédiaires entre les Autres et les humains.

C’est d’ailleurs aussi le rôle de Meg, qui est «agent de liaison » au sein de l’Enclos. Késako ? À vous de le découvrir.

Simplement sachez que suivre la vie quotidienne et les interactions entres les Autres et Meg fut tout simplement happant. Et ce livre est si bien écrit que j'avais réellement le sentiment de vivre avec Meg au milieu des Terra Indigene, ces créatures si fascinantes, si déroutantes, si… dangereuses. Une fois plongée dans le roman, j’avais beaucoup de mal à en décrocher. La sauce à pris avec moi, et ce roman fut réellement addictif. Je me retrouvais à marcher dans la neige à côté de Meg et avoir envie d’une bonne tasse de chocolat chaud pour me réchauffer (oui ce tome 1 est parfait à lire pour la période hivernale). Et cette innovation, quel bonheur de voir enfin un univers vraiment original ainsi que des personnages évoluant de manière crédible ! Et touchante.

Alors voilà, Meg Corbyn est un roman sur lequel je pourrais discourir pendant des heures, tant j’ai été marquée par l’univers, les personnages et leurs personnalités, tous les messages passés, les côtés touchants, et surtout, la grande crédibilité des réactions de chacun. Magique.

Un véritable coup de cœur.