Morgane Kingsley, Tome 1 : Démon Intérieur

(01 Septembre 2017)

Morgane Kingsley est une série bit-lit sur laquelle j’ai beaucoup hésité avant de me lancer. En effet, la piètre note de Livraddict et les commentaires peu élogieux, concernant notamment les scènes SM, m’avaient quelque peu détournée de cette série. Série qui, de plus, appartient à un genre riche en la matière. Je n’étais donc pas vraiment en manque. Mais la lecture de l’essai de Sophie Dabat sur la Bit-Lit (« Bit-Lit ! Pour l’amour des vampires » ), m’a laissé tout de même entendre que cette saga possédait un certain potentiel.
 
Et comme je m’étais procuré le premier tome en numérique lors d’une OP Bragelonne, j’ai fait quelque chose que je ne fais jamais en dehors des voyages : j’ai lu cet opus en numérique, pour essayer, persuadée de stopper ma lecture au bout de 50 pages... Résultat : je vais me procurer ce premier tome en papier et le deuxième pour découvrir la suite.
 
Car oui, personnellement, j’ai trouvé les notes envers cette série très dures et peut-être pas totalement justifiées. Alors parlons de suite du point qui fâche et qui a attiré les foudres (justifiées) des lectrices : les scènes de sexe SM. Oui il y en a, mais franchement, au vu des commentaires, je m’attendais à bien pire, aussi bien au niveau du nombre que des descriptions peu ragoûtantes. Je m’attendais à découvrir une héroïne dépravée et torturée, nous contant ses aventures sexuelles à toutes les pages, le tout dans le pur style SM. Et qu'elle ne fut pas ma surprise de voir que… non.
 
Alors certes comme dans 99% des romans de bit-lit vous retrouvez du charnel (plus ou moins bien conté, et plus ou moins bien intégré au récit ), mais Morgane Kingsley est une femme en couple et heureuse de l’être, tout simplement (enfin, sans compter son caractère de merde bien sûr). De plus, elle est fidèle, ce qui, si vous regardez bien, n’est pas si fréquent dans ce genre littéraire. Même si bon, comme dit le proverbe : ce n’est pas parce que l’on est au régime que l’on ne peut pas regarder le menu hein…
 
En revanche et en effet, on doit se coltiner 2 scènes SM si ma mémoire est bonne (deux et demi disons), qui arrivent d’ailleurs à plus de deux tiers de la lecture. Personnellement, je les ai lues en diagonale puisque je n’y ai pas vu d’intérêt, même si je pense avoir saisi l’intention de l’auteur.
 
Mais attention, sachez que notre héroïne, malgré sa forte tête, est loin d’apprécier cela (malgré peut-être une certaine fascination morbide qu’elle se reproche) et subit, d’un point de vue externe ou interne selon les cas, afin de sauver quelqu'un : bref, cela sert l’intrigue, à sa manière.
 
Alors pourquoi tant de violence dans ces scènes ? Il faut savoir que dans le monde de Morgane Kingsley, les démons sont très présents (point que je vous développe ci-après). Et je pense donc que l’auteur veut nous montrer l’ambiguïté de ces personnages, pas toujours mauvais, mais rattrapés par leur nature…
 
Ceci étant, je tiens à noter que certains auteurs de Bit-Lit nous ont offert bien pire : il suffit de regarder les derniers tomes d’ « Anita Blake » où, sous couvert de « l’ardeur », vous avez des descriptions bien plus poussées de scènes avec un nombre d’amants qui en devient ridicule, ou encore « Les Soeurs de la Lune », quand l’une d’entre elles se retrouve tout de même à coucher avec un dragon et un kitsune en même temps… et pas forcément sous leur forme humaine… Bon, j’avoue que personnellement, c’est au moment où ces séries ont pris ces tournants que je les ai abandonnées…
 
Voilà, passons maintenant à la suite, car cette série est loin de s’arrêter à cela (ouf). Nous sommes ici dans un univers de pur urban-fantasy, mais assez original puisque les créatures présentes ne sont ni plus ni moins, comme je vous le disais, que des démons. Mais, loin d’être d’obscures créatures avides de chair fraîche et méconnues du grand public, ces derniers ont au contraire fait leur coming out. D’ailleurs ici, pas de connotation religieuse sur leur nature, ils ne sont « que » des êtres surnaturels, qui parfois quittent leur dimension pour traverser « la plaine des hommes ».
 
Et pour « traverser » (bref, vivre dans notre monde), eh bien ils possèdent un humain, tout simplement. Mais l’auteur va plus loin, puisqu’elle légalise la possession à condition que l'humain soit consentant... Et c’est alors, que grâce à ses capacités hors normes, ledit démon fait en général de son hôte une sorte de héros, par exemple un pompier bravant les flammes puisque le démon guérira son corps en moins de deux. L’auteur développe aussi les liens psychologiques qui relient l’entité à son humain. Et franchement, le résultat est pas mal et plutôt original.
 
Bon évidemment, le revers de la médaille, c’est que tous les démons ne sont pas des agneaux, et certains ne se gênent pas pour posséder illégalement, refoulant son hôte à l’arrière plan, devenu simple spectateur malgré lui de ce corps qui ne lui appartient plus.
 
Et c’est dans ces moments là que Morgane entre en scène. En effet, le jeune femme est exorciste,  l’une des meilleures du pays (bien sûr), et son rôle est de renvoyer les démons indésirables d’où ils viennent. Malheureusement, un esprit qui à partagé son corps avec un démon revient rarement en « bon état », et le boulot de notre exorciste n’est pas toujours simple.
 
« Il n’existe que deux façons de tuer un démon : l’exorciser ou bien brûler son hôte vif. Sympa, non ? »
 
Cet aspect de sa vie est d’ailleurs assez détaillé et essentiel dans la première partie du roman, et j'espère que l’on retrouvera ce type de scène dans la suite.
 
De son côté, Morgane, notre héroïne, grande perche rousse d’1m80 à la langue bien pendue, voue une haine sans limite aux démons. Déjà, elle ne pardonne pas à son frère de s’être proposé en tant qu’ hôte consentant, ayant l’impression de l'avoir perdu à jamais. Et puis, notre exorciste ne comprend pas que l’on puisse abandonner sa liberté.
 
Nous avons ici affaire à une héroïne assez typique de la Bit-Lit, une forte tête qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Par contre, force est d’avouer que l’humour n’est pas trop son truc, et c’est dommage, car je trouve que la série aurait gagné à présenter un peu plus de piquant.
 
Point positif en revanche, elle nous épargne les écoulements de sentiments amoureux, puisque, pour une fois, nous ne sommes pas face à une femme hésitant entre pléthore de créatures surnaturelles, mais en couple avec un petit-ami tout à fait humain.
 
Alors, je ne dis pas que son boulot d’exorciste, et donc cette manie de côtoyer les démons soit positif pour une relation de couple sans heurt, mais qu’il appréciable d’avoir une héroïne mature sur ce point de vue !
 
Au niveau des personnages, l’auteur travaille assez bien la personnalité de ses démons, même s’ils restent un peu dans le cliché (genre à la Supernatural, vous voyez ? Certains sont méchants, d’autres pas vraiment, mais toujours avec ce côté insécurité, impulsif qui appartient à leur nature). La possession est bien développée et nous comprenons tous les tenants et les aboutissants pour l'humain qui en est l’objet.
 
Sinon, Brian, le petit ami humain, est vraiment le boyfriend parfait, mais je gage qu’il l’est trop pour prendre de l’importance dans la suite. En revanche le personnage à la fois attachant et puissant de Lugh est tout à fait captivant, et j’ai hâte de le retrouver.
 
Pour l’intrigue, il est difficile d’en parler sans vous spoiler, mais je peux vous dire que l’action débute dès les premières pages. Le premier chapitre démarre sur l’exorcisme d’une fillette de onze ans, je crois, et donne de suite le ton de la série.
 
Et personnellement, j’ai trouvé que le dynamisme ne s’essoufflait à aucun moment, nous amenant dans une suite d’événements plus catastrophiques les uns que les autres pour les fesses de Morgane, et ce jusqu’à une fin de tome qui présage une suite tout aussi mouvementée.
 
« Le destin de l'humanité reposait sur mes épaules ? l'ironie est si palpable qu'on pourrait la déguster à la petite cuillère. »
 
Donc vous l’aurez compris, j’ai apprécié ce premier tome et je laisserai sa chance avec plaisir à la suite. Alors soyons clair : si l’auteur fait des scènes SM le premier plan du scénario, je couperai court à ma lecture. Mais si elle continue à nous parler intrigue, complots et possessions à tout va, je pense que je pourrai faire abstraction des côtés pervers inhérents à certains démons pour me focaliser sur le scénario et notre héroïne, qui, avouons-le, a quand même du chien.