Néachronical, Tome 3 : Manus Dei.
Auteur : Jean Vigne
Editeur : Editions du Chat Noir, Collection Griffe Sombre
Parution : Mars 2015
Pages : 380
RESUME :
Par trois fois on m'a laissée pour morte.
Dans l'ombre d'un seul et même homme.
Le temps de la vengeance est enfin venu.
CHRONIQUE :
(01 Mai 2015)
"Ma main caresse le cadavre de mon ami, ce tigre blanc au regard d'azur tué par Merlin. Bon, pour être franche, mon compagnon d'autrefois pue la mort. Sa lente décomposition est intenable. Encastrée entre la dépouille du fauve, et monsieur feu chevalier Guinard, je suis bien lotie."
Ah cette fin !! Quelle fin !! Je suis si triste de quitter Néa malgré son caractère de tête à claques psychopathe !
Voici un troisième tome dense et riche qui nous offre une fin imprévisible mais à la hauteur de mes attentes. Imprévisible car une fois encore, Jean Vigne fait prendre un tournant à son histoire auquel je ne m'attendais pas !
Passé, présent, futur... Bretagne, Angleterre, Égypte... Les lieux et les temps se mêlent pour nous faire voyager sur des chemins improbables mais complètement géniaux.
La seule chose que je regrette, c'est la mise en page étriquée : marges réduites, interlignes quasi inexistants, le texte est dense, très dense, un peu trop pour moi qui aime les livres aérés...
Mais sur l'histoire, rien a dire.
Nous retrouvons Néa, prise au piège dans le tombeau breton. Je ne vous cacherai pas qu'elle arrive à s'en sortir d'une manière ou d'une autre, sinon il n'y aurait plus de livre. Et autant vous dire que non seulement elle est prête à dézinguer du Merlin, mais en plus elle arrive encore à se mettre dans un sacré merdier... Sur l'histoire, vous n'en saurez pas plus... Ce n'est pourtant pas l'envie qui me manque !
"Je ferme les yeux, me concentre et fais défiler ce guide de la fée parfaite pour les nuls offert par mes consœurs. Un résumé du mode d'emploi aurait été le bienvenu, genre, pour allumer la lumière, tapez 1, pour tailler un chemin dans ce grand merdier, tapez 2, et pour dégommer ce gros con de Merlin et cette truffe de Morgane, tapez 666."
Nous continuons de suivre nos principaux protagonistes (avec de nouvelles arrivées), et pour cela, les chapitres abordent le même principe que dans le tome deux : on passe de personnage en personnage afin de connaître leurs intentions et évolutions.
"Morte... mais justement, elle l'est déjà, tout ce qu'il y a de plus crevée, sans respiration ni battements de coeur, même pas ce petit signe de chaleur corporelle pour la rassurer. Elle n'est qu'une enveloppe froide, réceptacle pour une âme égarée."
L'écriture de Jean Vigne est toujours aussi percutante et addictive. Il a cette capacité d'adapter sa plume en fonction du protagoniste en scène. Autant vous dire que pour Néa, c'est beaucoup plus dynamique et familier que pour l'ancestral Merlin. Et je trouve cela vraiment intéressant, répercutant une ambiance particulière à chaque chapitre. Le tout ayant une cohésion totale. Car nous suivons majoritairement trois histoires distinctes qui finissent par se relier entre elles avec un naturel déroutant, alors même que je ne voyais pas quel lien allait les unir...
"_ Qui est là ?
_ Moi.
Connard, ce n'est pas une réponse ça ! Je retiens de lâcher mon fiel et cherche l'origine de la voix. Elle venait de la droite, à présent, elle se trouve sur ma gauche.
_ Et monsieur Moi porte-t-il un nom ?"
Et puis, il y a toutes ces surprises, ces retournements de situation... Je me suis fait menée en bateau du début à la fin, encore une fois. Surtout sur la fin d'ailleurs, à laquelle je ne m'attendais absolument pas, comme je le disais plus haut. Mais elle m'a réellement plu et c'est sur une note de mélancolie mais heureuse que j'ai refermé ce livre.
Certaines fois, j'avais envie d'étriper l'auteur (je n'y manquerai pas à notre prochain salon commun d'ailleurs) et d'autres fois je l'aurais embrassé (là faut voir, je ne voudrais pas paraître trop gentille). Bref cet auteur a l'art de jouer avec nos nerfs (mon Grognon.....) et ne s'en prive pas.
Les personnages sont fidèles à eux-mêmes, qu'il s'agisse de Néa, de Merlin, de Morgane ou encore d'Alonzo.
La magie ancestrale a survécu jusqu'à nos jours grâce à nos magiciens notamment, et j'aime beaucoup ce mélange contemporain / folklore du passé. L'histoire est extrêmement riche et passionnante, vous ferez un sacré bout de chemin entre le début et la fin ! De nouveaux ennemis, des alliés improbables... De la magie, des combats, de l'action et de l'humour... Tous les ingrédients sont réunis pour un troisième tome tout aussi réussi que les autres !
Néachronical est sincèrement une trilogie originale et passionnante. Elle n'a pas son pareil et je conseille à tout un chacun de se plonger dedans. L'histoire est complètement, génialissimement dingue. Le personnage de Néa est incroyable : elle est implacable, cynique, un brin psychopathe sur les bords quand même, mais on est obligé de lui porter un attachement sans faille. Et les décors utilisés, les morceaux d'histoire racontés sont extrêmement bien documentés, même quand remis à la sauce Jean Vigne... Un concentré de bonheur.
Néa, Juliette et Grognon... Je ne vous oublierai pas.
"De chaque côté, une armée de zombies patiente, immobile, trop à mon goût. Des statues de chair et d'os, dévastées par le temps, chacune ayant perdu quelque chose dans ce combat impossible. Ici une mâchoire, là un bras, et pour celui-ci une jambe remplacée par le tube d'un poêle. Une armée démembrée dont le seul rôle est de nous offrir un haie d'horreur. Chaque seconde, ils peuvent nous sauter dessus, tels des chiens enragés, pour nous lacérer. Pourtant, comme privés d'énergie, ils ne tentent rien. Je tends la main et essaye discrètement de donner vie à l'un d'eux. Le plus petit, le plus faible à mon sens, une demi-portion dont je devine déjà la triste nature : un enfant."