Orgueil et Préjugés.
Auteur : Jane Austen
Editeur : Editions ültim
Parution : Septembre 2014 pour la présente éditions. Edition originale : 1813.
Pages : 411
RESUME :
Si oui, en sera-t-elle aimée ? Si oui encore, l'épousera-t-elle ? Mais il apparaît clairement qu'il n'y a en fait qu'un héros qui est l'héroïne, et que c'est par elle, en elle et pour elle que tout se passe.
CHRONIQUE :
(29 Mai 2016)
Il est certain que "Orgueil et préjugés" est typiquement le genre de livres que je ne lis pas d'habitude. Me plonger dans cette lecture était me sortir de ma zone de confort de façon radicale, bien que j'aime les romans ayant un côté historique (notamment lorsqu'il s'agit des XVII ou XIXe siècle).
Mais ce livre a tant fait parler de lui ! Classique de la littérature, j'avoue que je fus peu à peu curieuse de découvrir cette œuvre, qui, au vu des avis dithyrambiques, devait tout de même avoir quelque chose de spécial ! Et ce Monsieur Darcy, qui apparaît comme l'homme idéal, j'étais impatiente de le découvrir. De plus, j'avais vu et beaucoup aimé l'adaptation cinématographique avec Keira Knightley.
Alors lorsqu'en plus j'ai découvert cette splendide édition hard back sortie chez Ultim, j'ai franchi le cap. Je tiens vraiment à souligner la qualité de l'objet livre qui est une véritable merveille. La couverture est veloutée avec un titre en relief recouvert de vernis sélectif. Les couleurs sont très douces. L'intérieur est sobre mais élégant, et la qualité du papier exceptionnel. Lire un tel livre est véritablement un ravissement.
Concernant le contenu, je ne parlerai pas de l'histoire, mondialement connue. Il faut garder à l'esprit que ce livre représente un peu l'anti-thèse de mes lectures habituelles. Mais j'ai passé un très bon moment, bien meilleur que ce que à quoi je m'attendais.
"Tel serais-je encore si je ne vous avez pas rencontrée, aimable et charmante Elisabeth. Que ne vous dois-je pas ? Vous m'avez donné une leçon, dure sans doute, mais précieuse. Par vous j'ai été justement humilié. Je venais à vous, n'éprouvant aucun doute au sujet de l'accueil qui m'attendait. Vous m'avez montré combien mes prétentions étaient insuffisantes pour plaire à une femme qui avait le droit d'être difficile."
J'ai été immédiatement sous le charme de la plume de l'auteur, j'aime les styles de cette époque, qui, de nos jours, suffisent à eux seuls à nous plonger dans le passé. J'ai par exemple le même sentiment en lisant de l'Alexandre Dumas. La plume est douce et travaillée, d'un autre temps qui sonne agréablement à nos oreilles du XXIe siècle. C'est un ravissement de tous les instants.
J'ai aussi été captivée par cette plongée dans le passé. Comme je le disais, le XIXe siècle est une période qui me séduit comme contexte de lecture. Toutes ces convenances obligatoires, ces faux-semblants, cette bienséance empreinte d'hypocrisie ont toujours l'art de m'amuser profondément. D'un autre côté, les gens avaient aussi de vraies valeurs telles la politesse ou la courtoisie (et aussi des toilettes d'enfer, bonjour futilité). J'ai adoré me balader dans les jardins, participer aux nombreux repas et bals, voir la vie quotidienne de cette époque se dérouler dans toute sa banalité et son élégance. J'ai été marquée par cette importance que l'on donnait aux mariages, à cette nécessité de trouver un parti ayant une bonne rente aux dépens des sentiments. Bref, une époque singulière qui se prête à ravir aux histoires.
Jane Austen décrit évidemment tout cet univers avec un talent dont il n'est nul besoin de parler, mais qui m'a personnellement touchée. C'était totalement délicieux d'être plongée au sein de la famille Bennet, si disparate mais tellement attachante. Des deux parents, ma préférence va sans conteste au père qui manie l'ironie avec beaucoup de brio et d'humour. Sa façon de mettre en boîte son horripilante femme est tout à fait merveilleux. Je n'avais jamais lu cette auteur, mais je dois avouer que son talent n'est pas volé. Elle a réellement l'art de mettre en scène des personnages hauts en couleur, des situations qui titillent la curiosité et des dialogues délicieux.
"- Certes, elles n'ont pas grand chose pour les recommander les unes ni les autres, elles sont sottes et ignorantes comme toutes les jeunes filles. Lizzy, pourtant, à un peu plus d'esprit que ses sœurs.
- Oh ! Mr. Bennet, parler ainsi de ses propres filles !... Mais vous prenez toujours plaisir à me vexer ; vous n'avez aucune pitié pour mes pauvres nerfs !
- Vous vous trompez, ma chère ! J'ai pour vos nerfs le plus grand respect. Ce sont de vieux amis : voilà plus de vingt ans que je vous entends parler d'eux avec considération."
Quant aux filles Bennet, eh bien, comme tout le monde je pense, les deux aînées Jane et Elisabeth ont eu toute ma sympathie et ma préférence. Elles sont intelligentes, d'un tempérament agréable et réfléchi. J'avoue qu'Elisabeth m'a charmée avec sa personnalité marquée et sa capacité à être intransigeante et légèrement impertinente. Mais toute en nuances.
Mary, la sœur du "milieu", est l'intellectuelle de service qui se fait totalement oublier. Quant aux deux jeunes sœurs : Lydia et Catherine, elles sont parfaitement frivoles, déraisonnables et même si elles apportent de la drôlerie et de la joie dans ce livre, elles savent se rendre complètement insupportables. Bref, les deux sœurs dignes d'intérêt sont les aînées, même si les deux plus jeunes m'ont beaucoup amusée.
Du côté des personnages masculins, je pense que même si la compagnie joyeuse et agréable de Monsieur Bingley ne fait aucun doute, il va de soit que tout le monde s'intéresse à l'étrange et énigmatique Monsieur Darcy.
Eh bien que dire... Ne me jetez pas la pierre, mais je fus légèrement déçue de ce côté-là. Je m'explique : ce personnage est devenu tellement mythique au fil des ans, tellement image de l'homme parfait... "Monsieur Darcy" fut prononcé par tant de femmes dans un soupir de ravissement ... Fut l'objet de tant d'autres livres dérivés de sa personne... J'avais placé la barre extrêmement haute.
Je fus donc déçue pour la simple et bonne raison que je pensais que son personnage serait plus présent et surtout plus développé. Mais la véritable vedette de ce livre reste Elisabeth et non Darcy. Alors certes, nous apprenons à le connaître. Un homme d'apparence hautain et méprisant, qui cache sous des manières de grande noblesse une véritable âme charitable. Chacune de ses bonnes actions, il les dissimule afin que personne ne lui en soit redevable, et malheureusement, la société de l'époque ne demandant qu'à médire sur autrui, le pauvre doit faire face à d'affreux préjugés. Préjugés auxquels n'échappera pas notre chère Elisabeth.
Mais il est vrai que je m'attendais de la part de Darcy à de plus grandes démonstrations d'amour auprès de la femme qui a su dompter son grand coeur et son grand orgueil.
" La vanité et l'orgueil sont choses différentes, bien qu'on emploie souvent ces deux mots l'un pour l'autre ; on peut être orgueilleux sans être vaniteux. L'orgueil se rapporte plus à l'opinion que nous avons de nous-mêmes, la vanité à celle que nous voudrions que les autres aient de nous."
En clair, ce n'est pas le personnage de Darcy qui m'a déçue, car j'ai trouvé touchant qu'il cache toutes ses magnifiques actions et n'en recherche aucune gloire ni remerciement, malgré son apparent orgueil. Quant à Elisabeth, j'ai fortement apprécié qu'elle fasse fi de ses préjugés grâce à sa grande clairvoyance, et préfère finalement se forger sa propre opinion.
Mais voilà, je le répète, j'aurais aimé que Darcy ait une place plus importante dans ce roman, le voir faire plus de choses pour prouver son amour à Elisabeth. Au final, ils ne se fiancent que dans les dernières pages, et encore, même à ce moment, rien d'émouvant, rien pour me mettre les larmes aux yeux. Un simple "je vous aime encore et vous ? Oui moi aussi. Il vécurent heureux". Point à la ligne.
Finalement, ce qu'il m'a manqué dans ce livre, ce fut une bonne part d'émotion. A aucun moment, malgré les délicieux personnages qui font vivre cette histoire, je n'ai eu les larmes aux yeux. Les discours de Darcy et Elisabeth ne m'ont pas émue. Et je pense que cela m'a manqué. Certes j'ai adoré Miss Bennett et Mr Darcy, mais ils ne m'ont pas fait vibrer.
" - Il y a, je crois, en chacun de nous, un défaut naturel que la meilleure éducation ne peut arriver à faire disparaître.
- le vôtre est une tendance à mépriser vos semblables.
- Et le vôtre, répliqua-t-il avec un sourire, est de prendre un malin plaisir à défigurer leur pensée."
Malgré tout, j'ai dévoré ce livre, car il présente réellement de l'humour, ce à quoi je ne m'attendais absolument pas, une époque que j'adore et une foule d'événements. Eh oui, nous avons tout de même droit à pas moins de quatre mariages ! Dont deux qui m'ont remplie de joie.
Mais même si j'ai aimé ma lecture, si j'étais heureuse du dénouement, si j'ai beaucoup ri et si j'ai adoré les personnages, ce livre ne m'a pas apporté assez d'émotion pour en faire une lecture d'exception. Quant à Monsieur Darcy, même si je suis sensible à son charme, son personnage n'est pas assez travaillé pour qu'il fasse chavirer mon petit coeur. Bizarrement et au risque de me faire lyncher une fois de plus, j'ai préféré le Darcy de l'adaptation cinématographique, qui lui, m'avais véritablement mis les larmes aux yeux.
Voici donc un livre dont l'intrigue amoureuse est très bien construite, dont les paysages sont un ravissement et les personnages tout à fait passionnants. Force est d'admettre que j'ai vraiment aimé cette romance, qui est pourtant à l'opposé de mon genre de lecture habituelle. Un classique que je ne regrette pas d'avoir lu !
Quant au titre j'y vois les deux éléments qui auront tenu si longtemps les deux amoureux éloignés l'un de l'autre : l'orgueil de Darcy l'empêchera de se rapprocher d'une femme d'un statut social inférieur au sien, quant à Elisabeth, ce sont les préjugés qu'elle entretient envers cet homme qui l'éloigneront de lui un long moment. Heureusement que parfois, les sentiments amoureux remportent la bataille sur les autres !