Pardonne-moi, Léonard Peacock.
Auteur : Matthew Quick
Editeur : Collection R
Parution : Avril 2015
Pages : 324
RESUME :
«En plus du P-38, le flingue de mon grand-père, il y a quatre paquets, un pour chacun de mes amis.
Je veux leur dire au revoir correctement.
Je veux qu'ils gardent un souvenir de moi.
Qu'ils sachent que je suis désolé d'avoir dû leur fausser compagnie.
Qu'ils ne sont pas responsables de ce qui va se passer... »
Aujourd'hui, Leonard Peacock a dix-huit ans.
C'est le jour qu'il a choisi pour tuer son ancien meilleur ami.
Ensuite, il se suicidera.
Plus tard, peut-être, il se dira que c'est OK, voire important, d'être différent.
Mais pas aujourd'hui.
CHRONIQUE :
(27 Août 2015)
""Je vais te tuer tu sais", je dis au type dans le miroir. Il se contente de me renvoyer un sourire impatient.
"Promis ?" J'entends quelqu'un répondre, et ça me fait flipper par ce que mes lèvres n'ont pas bougé.
Ce n'est pas moi qui ait dit "Promis ?".
C'est comme s'il y a vais une voix prisonnière dans le miroir.
Alors j'arrête de me regarder."
Voici enfin mon avis sur ce livre qui fait tant parler de lui. De prime abord, ce n'est pas le genre de lecture vers lequel je me tournerais. Mais au vu des nombreux avis positifs dessus et de son synopsis mystérieux, j'ai décidé de me plonger dedans.
Ce fut une très bonne lecture pour moi, mais je ne cacherai pas que je suis loin du coup de cœur. Ok ce livre est très bon, mais je suis passée à côté de ce qui a fait un coup de cœur pour tant de lecteurs... Oui il est bien, mais j'aurais aimé plus de surprises, il lui manque le petit truc en plus qui fait que...
La fin ouverte a déçu beaucoup de monde. Pas moi. Pas vraiment. Moi, c'est plutôt la tournure des événements qui m'a déçue... Je m'attendais à quelque chose de plus fort, une fin plus explosive, percutante... Là j'ai vu la fin venir à des kilomètres. Comme j'ai vu venir ce qui a bouleversé la vie de Léonard à autant de kilomètres. On ne peut pas dire que l'auteur soit un maître du suspense.
Et puis je dois dire que les innombrables notes de bas de pages m'ont réellement agacée : le fait est qu'elles n'apportent pas toujours des précisions utiles, bien souvent elles sont juste superflues... parfois un peu drôle. Mais c'était très déconcertant de toujours devoir me référer au bas de la page, et cela cassait mon rythme de lecture.
Bon, ceci étant, c'est un bon livre qui se lit vite et bien.
Nous tournons toujours autour de Léonard et nous avons le temps d'apprendre à le connaître, le temps de comprendre les blessures qu'il cache au fond de son cœur, sa douleur à fleur de peau, son ras le bol général.
Léonard est un personnage torturé, qui a une image ultra négative de lui et qui flirte aux portes de la folie. Des parents absents, un meilleur ami qui l'a trahi... tout se ligue pour faire basculer Léonard dans le néant. Il est essentiellement pessimiste et cynique et a une vision bien particulière du monde et des gens.
Pourtant, certaines de ses actions montrent qu'il porte une profonde gentillesse en lui. Certaines paroles, certains encouragements, les cadeaux...
Léonard est un personnage complexe mais dégoûté de la vie.
C'est ainsi qu'il a pris sa décision : aujourd'hui il va mourir, après avoir assassiné son ancien meilleur ami. Mais avant de partir, il veut dire au revoir aux quatre personnes qui ont influencé sa vie de manière positive, et leur offrir un cadeau.
"Le P-38 sera peut-être mon cadeau quand je le déballerai pour tirer sur Asher Beal.
C'est probablement le seul cadeau que je recevrai aujourd'hui.
En plus du flingue, il y a quatre paquets, un pour chacun de mes amis.
Je veux leur dire au revoir correctement."
Je m'attendais à ce que chaque conversation avec ces gens nous apporte des éléments, des révélations petit à petit. Mais même pas. On devine très tôt le pourquoi du comment. Et la fin prend une tournure inattendue certes, mais qui ne m'a pas vraiment plu. J'aurais voulu plus d'originalité je suppose, quelque chose de moins banal.
En tout cas, les conversations avec ses amis sont assez inégales : autant j'ai apprécié lorsqu'il va voir son vieux voisin Walt, ou qu'il parle avec l'un de ses professeurs, autant les conversations avec la fanatique Lauren m'ont paru totalement inutiles... Je ne sais pas, certaines choses n'ont pas su me toucher.
Bien sûr, il y a Herr Silverman, son prof d'histoire, ce genre de prof à part qui a la compassion dans le cœur. Lui est un superbe personnage qui nous enseigne autant de choses sur la vie qu'à Léonard.
"Un jour, alors qu'on discutait après son cours, Herr Silverman m'a expliqué que quand quelqu'un se comporte mieux que les autres, même si c'est pour le bien de tous, les gens médiocres lui en veulent parce qu'ils ne sont pas assez courageux pour faire de même."
Bref, ce livre a pour but de nous faire réfléchir à des sujets forts : le suicide, la tolérance, la maltraitance, la honte, l'homosexualité... Beaucoup de thèmes sont abordés avec plus ou moins de profondeur mais ils sont bel et bien présents.
Tout l'intérêt du livre se situe dans le personnage même de Léonard, qui n'a pas d'équivalent, qui est hors norme dans le sens premier du terme. Pourtant c'est un personnage qui reste éloigné de nous, auquel on ne s'identifie pas. Définitivement, Léonard est un personnage étrange.
J'ai donc apprécié ma lecture de par les différents personnages et cette façon d'aborder et de faire réfléchir sur des sujets importants. Mais même si j'ai beaucoup apprécié Léonard, son histoire ne m'aura pas bouleversée au point d'en faire une excellente lecture.