Phobos, Tome 2.
Auteur : Victor Dixen
Editeur : Collection R
Parution : Novembre 2015
Pages : 500
RESUME :
3 secondes...
2 secondes...
1 seconde...
Ils croyaient maîtriser leur destin.
Ils sont les douze pionniers du programme Genesis.
Ils pensaient avoir tiré un trait sur leur vie d'avant pour devenir les héros de la plus fabuleuse des odyssées.
En réalité, ils sont les victimes de la plus cruelle des machinations.
Elle croyait maîtriser ses sentiments.
Sur Mars, Léonor espérait trouver la gloire et, pourquoi pas, l'amour.
Elle pensait pouvoir ouvrir son coeur sans danger.
En réalité, elle a ouvert la boîte de Pandore du passé.
Même si les souvenirs tournent au supplice, il est trop tard pour oublier.
CHRONIQUE :
(16 Mai 2016)
Le deuxième tome de Phobos a beau être un joli bébé de 500 pages, il se dévore tout aussi vite que son frère aîné.
J'étais totalement ravie de retrouver l'univers génial de Victor Dixen mais aussi ses personnages, qui sont réellement la clé du roman.
Les douze ont enfin découvert le problème lié à leur voyage sur Mars. Ils ont enfin compris que sous les traits de la Serena mère poule se cache en réalité une véritable vipère avide de pouvoir (et d'argent aussi, tant qu'à faire ). Les voilà alors seuls face un immense dilemme : le choix de repartir sur Terre en mourant en route ou de tenter leur chance sur Mars (pour y mourir aussi, vraisemblablement). Pourtant deux alliés inattendus, deux nouveaux atouts, surgiront et permettront aux prétendantes et prétendants d'apercevoir une lueur d'espoir. Et si... Et si tout n'était pas perdu...
"Ils croyaient être des privilégiés élus pour vivre la plus formidable aventure qu'on n'a jamais vécue, ils découvrent qu'ils ne sont que des victimes destinées à mourir dans ces conditions abjectes."
Difficile de vous parler de ce deuxième tome sans le moindre spoil. Pour ce faire, il y aura donc beaucoup d'éléments importants et passionnants de ce livre que je passerai sous silence.
Mais voilà, j'ai adoré retrouver ce petit côté thriller avec Serena McBee qui manipule les douze jeunes gens pour parvenir à ses fins, n'hésitant pas à mentir à des milliards de personnes.
J'ai adoré retrouver Andrew, toujours aussi déterminé, qui nous offre des passages sur Terre bienvenus et qui font avancer l'intrigue.
J'ai adoré retrouver la façon dont Victor Dixen met en scène son roman, alternant les points de vue, passant de ce qui arrive aux prétendants, écrit à la première personne à travers la voix de Léo, aux passages hors champs se passant sur Terre, et ceux dans le champ mais décrivant les lieux comme un scénario de film...
"Plan fixe sur l'espace, filmé depuis la caméra soudée à l'arrière du Cupido.
Il n'y a pas de voix off, pas de paroles, pas de roulement de tambour - juste les notes d'une musique orchestrale, qui déploie lentement des arpèges dans le vide, la symphonie du nouveau monde.
Le corps imposant du vaisseau spatial se dessine, avec la planète Mars au fond du champ."
Ce mode de narration totalement inédit marche toujours aussi bien avec moi, grâce au dynamisme qu'il apporte ainsi que les différents points d'intérêt qui nous occupent (nan, parce que c'est pas que les amours des uns et des autres au final, je m'en fou, mais un peu quand même quoi... Les enjeux sont ici mille fois plus importants que la formation des couples).
Bon, si je devais parler d'un petit point négatif, c'est relatif justement à ladite formation des couples. Ils sont douze et au final, ont tous obtenu ce qu'ils voulaient, trouvé le compagnon de leurs rêves (sauf l'un des deux prétendants de Léonor évidemment). Je trouve ça un peu bisounours que tout le monde trouve chaussure à son pied. Et étrange qu'il n'y en ai pas qui décident de rester juste amis, sans sentiment l'un pour l'autre, voire même qui ne pourrait pas se piffrer (ben quoi ? Méchante moi ? Naaaan, juste joueuse)... Non, ici tout le monde est amoureux et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (enfin au niveau des amours hein, parce que pour le reste...). Du coup, il y a quand même quelques paragraphes (ouf ce ne sont que des paragraphes !) remplis de mièvreries amoureuses, pardon ! je voulais dire de dialogues hyper romantiques et qui donnent des longueurs au récit. Ok ok je ne suis qu'une insensible et j'ai bien conscience que la plupart des lectrices (lecteurs aussi d'ailleurs) doivent être en pâmoison devant tant d'amour pur et sincère. C'est vrai que c'est mignon. Mais je ne trouve pas ça hyper réaliste, c'est tout. Il ne faut pas oublier que nos jeunes amis se voyaient à coup de Speed Dating de 6min ! On peut pas dire qu'ils se connaissent à fond quoi. Voilà. Après pour leur défense, c'est vrai qu'ils sont quand même un peu paumés au milieu de l'espace. Sûr que ça doit créer des liens! Allez, la rabat-joie de service a fini de râler sur le côté romance ;) !
Ceci étant Monsieur Dixen, quelque chose me dit qu'avec de tels discours dans vos romans, vous vous assurez une dévotion sans faille d'un paquet de vos lectrices ados (voire même plus ados d'ailleurs). Et Mesdemoiselles Lectrices, je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion de rencontrer ledit auteur, mais c'est vrai que c'est quelqu'un d'adorable. Donc quelque part, cette petite renommée ne serait pas volée, surtout couplée à ses talents d'écrivain.
Bon, assez divagué, parlons d'un point essentiel de ce roman, j'ai nommé les personnages. Oui je vous l'ai dit : le déroulement des événements est super intéressant, même s'il ne présente pas d'énormes surprises à mesure que l'on avance, mais je ne veux pas m'étaler dessus pour vous laisser le plaisir de la découverte. Personnellement je m'attendais un peu à cet enchaînement mais on ne sait jamais.
Les personnages donc.
Je dois avouer que je trouve cela complètement dingue de réussir à intégrer pas moins de 12 personnages principaux à un livre (même si Léonor est sur le dessus du panier) ! Voire même 14, car je compte aussi Serena et Andrew qui ont eux aussi des personnalités très travaillées. Je laisse de côté les acolytes de Serena, qui n'ont pour but que de lui servir de toutous, mais par contre, je n'oublie pas les vrais chiens, Warden et Louve, que je considère eux aussi comme des protagonistes à part entière. Autant vous dire que ces deux-là, s'il leur arrive quelque chose de fâcheux, j'étripe l'auteur à mains nues au prochain salon ! (Ca c'est dit).
Dans ce deuxième tome, nous avons parfaitement intégré qui est qui et appris à connaître chaque personnalité : Fangfang, Léo, Kris, Kenji ou Kelly, chacun a un trait de caractère qui ressort (oui j'ai la flemme de citer les douze). Mais ils ont aussi plus que ça, car chacun a son histoire, son passé, ses blessures et ses secrets. Et peu à peu ils se livrent à nous et c'est un régal. Nous en apprenons par exemple plus sur Marcus dans ce tome, ce qui fut émouvant. Kenji par contre, garde une part de mystère, ainsi qu'Alexei, qui je pense, a quelque chose à cacher....
Bref, non seulement les prétendants sont géniaux mais même Serena McBee l'est. Dans le genre pot de vache délicieusement détestable.
Et ce que j'adore, en dehors de ces personnalités aux charismes fous, c'est la façon qu'à Victor Dixen d'adapter sa plume à chacun d'entre eux. Chacun parle avec les mots qui correspondent à son caractère, ce qui donne d'ailleurs parfois des dialogues totalement loufoques mais ô combien réussis. Par exemple, lorsque Kelly s'exprime, c'est empli de ponctuation, de dynamisme et de remarques qui collent à la perfection à la peau de notre extravertie, le tout avec le vocabulaire qui va bien. Lorsque c'est Fangfang, le dialogue devient très mathématique et pragmatique, comme un cours de Maths Sup. Kenji lui, parle toujours au minimum, calmement, et nous montre toujours le verre à moitié vide au lieu du verre à moitié plein... Je trouve qu'il faut un vrai talent pour réussir à entrer dans la peau d'autant de personnages différents, et, surtout, nous les faire tous apparaître humains, sympathiques, tellement réalistes avec leur qualités et leurs défauts. Alors bien sûr, on a tous nos chouchous, mais je gage qu'en fonction des lecteurs, ces derniers ne sont pas les mêmes. Et pour ça je dis chapeau. Un vrai coup de maître. Car tous ces personnages possèdent une force incroyable et un véritable impact sur le récit. Pour le plaisir, voici quelques mots de Kelly (une de mes chouchoutes je ne peux rien vous cacher) :
"À ces mots, Kelly pousse un rugissement si tonitruant qu'il fait vibrer mon casque comme un tocsin :
"Quelle mégasalope ! Quelle enfoirée cosmique ! Je t'en foutrais, moi, des abeilles gardiennes ; Serena n'est qu'un vieux cafard baveux, comme ceux qui ont clamsé dans le septième habitat, et le jour où la Terre l'apprendra, ce sera comme une gigantesque godasse qui l'écrasera en faisant un bruit bien dégueulasse !"
Kelly pousse un soupir d'aise en faisant sauter sa ceinture de sécurité.
"Ah, ça fait un bien fou !" soupire-t-elle."
J'avais parfois le sentiment, en cours de lecture, que si j'allumais ma télé, je tomberais sur la chaîne Genesis et que je pourrais retrouver les douze jeunes gens auxquels je me suis attachée.
Et c'est ça qui donne envie de savoir ce qui leur arrive, qui donne de l'intérêt à ce récit, alors qu'au final, en dehors du côté suspens et épée de Damoclès, on a tout de même une certaine tendance à suivre leur vie au jour le jour. Ça pourrait vite être inintéressant mais non. Ca fonctionne. Ca fonctionne super bien même ! Même si du coup, pour moi, il manque un peu les petites surprises qui donnent le petit truc en plus qui aurait fait de ce roman un coup de coeur. Mais bon, j'ai trouvé ce livre tout de même excellent ! Et pu*** ça fait du bien !