Red Queen, Tome 2 : Glass Sword

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Auteur : Victoria Aveyard
Editeur : Editions MSK
Parution : Février 2016
Pages : 450

(15 Septembre 2016)

ATTENTION : Rsique de spoilers sur le tome1.

Ce deuxième tome de la trilogie Red Queen fut tout simplement haletant. Superbe et étonnant. J'avais un peu peur, comme toujours lorsque j'entame le deuxième opus d'une série qui a bien commencée. Car souvent la suite n'est pas à la hauteur et souffre de petits défauts tels longueurs ou manque de surprises.
Mais pour le coup, le moins que l'on puisse dire est que Red Queen a continué à me surprendre et me charmer par bien des atouts. 

Le rythme déjà. Dès la première page, nous replongeons tête la première dans la vie mouvementée de Mare puisque nous retrouvons cette dernière là où nous l'avions laissée : en fuite avec Cal et ses amis, poursuivie par Maven. Et il faut le dire : ce côté rentre dedans est efficace, quelques lignes suffirent à me happer.

"- Même les rats veulent sortir du caniveau, Miss Barrow.
Puis il franchit la grille et se dirige vers la surface, où nous pourrions tous trouver la mort.
Et je le suis."

Ce livre est une explosion de surprises et de retournements, un concentré d'action qui ne faiblit pas un instant. Honnêtement, je n'ai strictement aucun reproche à faire à ce tome ! Il démarre fort, continue avec la même ardeur et finit sur un cliffhanger aussi génial qu'horrible. Et qui met le lecteur au supplice, au passage, puisqu'il nous faut encore attendre mars ou avril 2017 avant de connaître la suite.

Dans ce tome, Mare voudrait (remarquez le conditionnel...) essentiellement se concentrer sur la liste de Julian, et partir à la recherche des sang-neufs. Maven possédant cette même liste, un jeu macabre du chat et de la souris va s'instaurer entre les deux. Victoria Aveyard dose à la perfection l'action pure, les descriptions peu ragoûtantes nous démontrant la cruauté de certains Argents, les états émotionnels de ses personnages, dont elle sait nous montrer l'humeur sans apporter de longueurs, et les changements de situation. Et comble du bonheur : exit aussi la romance niaise redondante dans la plupart des Young Adult. On peut le dire, l'auteur ne craint pas de casser tous les codes, et, bien que ce livre paraisse dans la collection MSK, je ne le vois pas comme un  "Young Adult", mais plutôt "adulte", à la croisée des chemins entre dystopie et fantasy. Un mélange de genre détonant, qui aurait pu être catastrophique, mais qui, sous la plume talentueuse de Victoria Aveyard, devient un petit chef d'œuvre à dévorer.

"- Des centaines de noms. Des centaines de Rouges avec des pouvoirs. Plus puissants, plus rapides, en un mot meilleurs qu'eux, avec un sang aussi rouge que l'aube.
Le souffle me manque, comme si mon corps sentait qu'il se tient au bord d'un gouffre, le gouffre de l'avenir."

Notons que l'espace d'un instant, j'ai eu un peu peur que, la liste en mains, ce tome ne soit qu'une succession de "copier-coller" selon le schéma : un nom, une adresse, un sang-neuf à sauver, on recommence. 

Mais de fait pas du tout puisque l'auteur casse une fois encore le prévisible et nous emmène sur des chemins auxquels je ne m'attendais pas et qui m'ont tellement plu.

Du côté des personnages, nous passons assez de temps avec les sentiments de Mare (qui est narratrice) pour très bien connaître la jeune femme de 17 ans environ. Son pouvoir est immense et son visage un symbole de la rébellion, bien malgré elle. Car cette jeune femme, devenue l'épée des rouges, malgré sa force, n'en reste pas moins un être humain émotif doté d'un coeur, et c'est ainsi qu'elle se qualifie elle même d'épée de verre, car prête à se briser à chaque instant. Je vous laisse découvrir ce qui arrivera à ce verre... Il faut tout de même noter qu'elle est attirée par cette nouvelle puissance que lui octroie son pouvoir et ne prendra pas toujours des décisions qui seront au goût de tout le monde, même si, personnellement, j'ai autant aimé ses moments de faiblesse que ses moments de force ou de rage. Il est vrai qu'elle en faisait parfois un peu trop mais j'apprécie qu'elle ne soit pas "héroïne zéro défaut".

"Je suis une arme faite de chair, une épée recouverte de peau. Je suis née pour tuer un roi, pour mettre un terme à un règne de terreur avant qu'il ne débute pour de bon. Le feu et les éclairs ont permis à Maven de s'élever, le feu et les éclairs causeront sa chute."

Même si Mare est un personnage attachant de par sa personnalité, elle est aussi entourée de manière à accroître ce sentiment. L'auteur a le don de nous créer des personnages plus vrais que nature, aux personnalités tranchées, aussi détestables qu'adorables en fonction de l'effet recherché. Elle se joue de ses protagonistes tout comme elle se joue de nous, et les surprises sont largement au rendez-vous.

Les amis de Mare sont son équilibre, entre Cal qui lui sert de pilier, Kilorn qui lui rappelle ses origines, Farley qui représente la force brute... Chaque protagoniste a un rôle bien à lui et son importance propre. Tous les personnages secondaires sont travaillés et mis en avant. Passionnant.

Passionnante aussi cette petite phrase que se répète sans cesse Mare et qui veut tout dire :

"N'importe qui peut trahir n'importe qui."

Eh oui, même si nous changeons d'ambiance par rapport au premier tome (moins de faux-semblants et plus de confrontations directes), nous gardons sans cesse à l'esprit que la jeune femme pourra être de nouveau trahie par n'importe quel personnage du livre, même notre préféré, pourquoi pas, l'auteur étant assez sadique pour cela ! On sent Mare dans ce deuxième tome extrêmement marquée par la trahison qu'elle a subie et à laquelle personne ne s'attendait (surtout pas moi). C'est peut-être parfois un peu trop (elle se renferme sur elle-même et repousse pour cela ses amis), mais cela me semble tout de même plus que réaliste !

"Je ne suis qu'un être humain, une petite fille qui n'arrive plus à sourire. Je la cache aux autres, derrière mon masque d'éclairs. Cependant elle reste là, affolée, les yeux écarquillés, terrifiés. J'ai beau la repousser à chaque instant de veille, elle continue à me tourmenter. Jamais elle ne disparaît."

Bref, vous l'aurez compris, ce deuxième tome de Red Queen est une pure merveille, une petite perle qu'il est difficile de lâcher une fois ouvert. Il m'a valu 2-3 nuits blanches, s'est immiscé jusque dans mes rêves (assez troublant comme effet d'ailleurs), et me laisse un souvenir impérissable. Un coup de coeur. Victoria Aveyard a créé un univers original et abouti, dont elle exploite le moindre filon de manière intelligente et bien souvent surprenante. Nous nous laissons emmener à 100 à l'heure dans un enchaînement d'actions, de surprises et de rebondissements, aux côtés de personnages particulièrement travaillés et attachants.