Zombie Story 1 : Zombie Island.

Auteur : David Wellington
Editeur : Milady
Parution : Mai 2013
Pages : 416

RESUME :

De la chair fraiche dans le monde des zombies !
À la suite d'une catastrophe mondiale les pays les plus développés sont envahis par des hordes de zombies cannibales. Seules quelques enclaves subsistent, en Somalie notamment. À la recherche d'un remède au virus, un groupe d'adolescentes surarmées, menées par un vétéran, se rend à New York.
Tous se croient préparés au pire. Mais dans l'île de Manhattan en ruine, ils vont bientôt découvrir que la non-mort est loin d'être le destin le plus terrifiant…

CHRONIQUE :
(04 Juillet 2015)

J'avais déjà fait connaissance avec la plume de David Wellington lors du premier tome de la série "Vampire Story", qui m'avait à ce moment convaincue.

"Ce fut à ce moment-là que je compris ce que cela signifiait, être l'un des vivants. Cela signifiait faire tout ce qu'on pouvait pour ne pas être l'un des morts."

Eh bien il reprend son imagination particulière ici aussi pour nous sortir un récit assez hors normes malgré le fait que nous ayons une histoire de zombies.
Ce qu'il faut en premier lieu savoir avec cet auteur, c'est qu'il ne s'embarrasse pas des sentiments et vous plonge toujours dans des ambiances un peu glauques où les descriptions d'horreur ne vous sont pas épargnées. Il faut aussi savoir qu'il ne crée pas des cadres bien délimités avec des personnages blancs et d'autres noirs. On ne trouve pas forcément les bons et les méchants mais différents protagonistes qui œuvrent dans leur propre intérêt. Et parfois aussi dans celui d'autrui.

Ici, l'élément de base qui pousse nos personnages à se retrouver dans la ville mega infestée de New York m'a paru peu crédible. Dans ce monde déjà infesté par les zombies (créés par un virus quelconque, l'auteur ne s'attardant pas sur le pourquoi, j'avoue avoir oublié cet élément à l'heure où j'écris la chronique), seules quelques enclaves humaines réussissent à survivre. Dont une se situe en Somalie, dirigée par des femmes et des enfants soldats. Dekalb et sa fille Sarah ont réussi à s'y réfugier. Bossant pour les Nations Unies, avec comme métier négocier la paix et récupérer un max d'armes dans différents pays en conflit, Dekalb se trouvait au Kenya au moment de l'épidémie. Américain et homme, il ne doit sa survie qu'à la connaissance qu'il a de New York et du bâtiment des Nations Unies, renfermant... des traitements contre le SIDA.
C'est pour récupérer lesdits traitements (pour elle ou ses troupes, personne ne le sait réellement) que la chef, Mama Halima, décide d'envoyer Dekalb et des dizaines de ses ados-soldats à l'abattoir. Autant vous l'avouer, je n'ai pas accroché à cet élément déclencheur du voyage. En revanche, notre cher homme a de très bonnes raisons d'aller là-bas, raisons que je vous laisse découvrir.

Évidemment, une fois sur place, outre la difficulté de trouver des médicaments dans des hôpitaux déjà pillés et éviter de se faire massacrer afin d'atteindre le bâtiment des Nations Unies, le groupe aura à faire face à de nouveaux dangers, mais fera aussi la rencontre d'autres survivants. Et l'enjeu deviendra alors beaucoup plus vaste qu'une simple chasse aux trésors médicamenteux....

"S'il était toujours vivant, il devait souffrir atrocement. S'il était mort, il ne le resterait pas longtemps."

Une fois en Amérique (cela ne prend que quelques pages heureusement !), le récit devient passionnant. David Wellington est réellement le type d'auteur pour écrire des romans sur les zombies. Les créatures décharnées vous sont présentées avec force détails, et, de plus, il ajoute de nouveaux venus disons... atypiques. Je pense à Gary et Mael. Le personnage de Gary est juste extraordinaire, l'idée était totalement dingue mais j'ai vraiment accroché ! J'ai eu un peu plus peur avec celui de Mael, peur que cela parte trop loin dans le délire (je ne peux vous en dire plus), mais l'auteur a su s'arrêter à temps (limite limite), ce qui fait que la baisse d'intérêt inhérente à la peur n'a pas durée.

De plus, l'auteur ne cherche pas spécialement à rendre ses personnages attachants. Certes Dekalb l'est un minimum car il a manifestement un grand coeur, pense à l'intérêt commun avant son intérêt propre (enfin en général), et est extrêmement intelligent. Mais il reste très humain et somme toute, banal. On sent bien que l'auteur préfère piquer notre intérêt par la curiosité et l'action que par les "snif" et les "I Love you".

Gary, quant à lui, est délicieusement haïssable, malgré le fait que, au fond, on puisse comprendre son point de vue (du moins au début). Il est une personnage central et charismatique, une vraie réussite de la part de l'auteur.

A noter que la narration adopte les deux points de vue, à la première personne pour les passages concernant Dekalb et à la troisième, avec un peu plus de recul sur le visuel (vous comprendrez à la lecture) pour Gary. J'ai beaucoup apprécié cette alternance qui permet d'avoir un vue d'ensemble de l'action (les deux protagonistes ne sont pas toujours au même endroit) ainsi que les façons de voir de chacun, les divergences d'opinion. L'auteur nous crée ainsi un suspens en passant de l'un à l'autre, nous faisant nous demander quelle sera la réponse de l'un pour l'autre.

Il faut savoir que dans Zombie Island, les scènes macabres sont foison. On ne vous épargne pas les descriptions détaillées des non-morts décharnés certes, mais malgré cela, ce ne sont pas eux les plus effrayants, pas toujours eux qui apportent le plus le sentiment d'urgence et d'insécurité qui plane sur une grosse partie de notre lecture. Même si leur masse fait bien évidemment peur.
A noter tout de même un ou deux passages assez peu crédibles (notamment lorsqu'ils trouvent une combinaison stérile pour ne pas faire sentir leur odeur etc et que la première action consiste à... aller serrer la main d'un survivant.... Grossière erreur qui me semble un peu surréaliste). Heureusement ces petites incohérences sont rares et minimes. Le plus gênant étant cette recherche d'anti-rétroviraux comme point de départ.
Pour le reste, l'ensemble est assez réaliste (dans un contexte zombiesque s'entend) avec par exemple une bande de flics anti-émeutes... non-vivants. Eh oui le fait d'être flic ne protège pas de l'infection...

"Des corps -des centaines de corps- dans un état de décomposition avancée obstruaient les trottoirs et étaient affaissés pêle-mêle sur les voitures abandonnées. De la chair putréfiée gisait en monceaux sous le soleil du milieu de la matinée : on ne pouvait plus rien y identifier d'humain."

En fait, après un démarrage assez lent (trop lent), mais où certains éléments m'ont donné envie de continuer, j'ai été positivement surprise par Zombie Island. L'ambiance est là, les actions et le suspens aussi. L'imagination parfois trop débordante de l'auteure est équilibrée par une bonne dose de réalisme. Je me répète, mais David Wellington ne s'encombre pas de sentiments inutiles. Pas de romance, ni de personnages attachants à vous faire couler les larmes. Ici, les stars, ce sont les cadavres en décomposition. Après, on accroche ou on accroche pas.

Bref, sans rentrer dans les détails de l'histoire que je vous laisse découvrir, Zombie Story est un pur roman de zombie, addictif et malgré tout original. Quant à la fin ..... cliffhanger de folie s'il en est, qui me rend vraiment avide de découvrir la suite !
Ce qui m'inquiète en revanche, c'est que le deuxième tome serait en fait une préquelle du premier et non une suite... A voir donc !

"Dans le nouvel ordre des choses, les morts mangeaient les vivants en une tentative vaine pour soutenir leur propre existence qui déclinait, pour alimenter leur non-vie."